OU IL EST QUESTION D'OUED, DE METEO ET D'AUTRES CHOSES...
En 1992-1993, j'étais directeur d'une usine de fabrication de grillage et gabion... Le gabion, c'est un grillage de triple torsion avec lequel on réalise des nasses parallélépipédiques dans lesquelles on met des pierres et ça sert généralement à conforter les talus de routes... A l'époque, j'eus l'idée de transmettre à Monsieur Belaid Abdeslam qui fut désigné premier ministre par le HCE, une lettre dans laquelle je lui proposais la domestication des oueds par leur canalisation à l'aide de gabions, ce qui donnerait la possibilité au pays de récupérer des milliers d'hectares de terres alluvionnaires des lits de ces oueds et d'économiser un volume d'eau appréciable que nous perdons en évaporation du fait de la surface sur laquelle s'étalent les eaux de ces oueds... je terminais ma lettre en faisant référence aux polders et en disant que la rivière doit être plus facile à mater que la mer...
Les services du Premier Ministère me répondirent en m'informant que ma lettre avait été transmise au département ministériel concerné, celui des Travaux Publics dont le portefeuille était aux mains de M. Mokdad Sifi, qui devint par la suite Premier Ministre...
Je ne sais franchement pas ce qu'il en fit...
Je me suis rappelé cette lettre plus de 20 ans plus tard en lisant les prévisions météo et en longeant l'Oued Djemaa qui traverse notre région et borde notre route nationale...
Les habitants de notre région qui connaissent très bien les sautes d'humeur de cet oued disent de lui: "oued El Djemaa ya el ghoul... ibi3ek essadji ou yechrik el mahboul" ce qui veut dire à peu près: "Oued El Djemaa, toi l'ogre que vend le sensé et qu'achète le fou"... car tout le monde sait qu'un oued n'oublie jamais de reprendre son lit...
Mais Oued El Djemaa n'a pas été humilié seulement par ceux qui ont squatté son lit pour y construire habitations et usines; il a été sauvagement agressé par les entreprises qui réalisent les travaux autoroutiers qui y ont déposé des millions de m3 de déblais, rétrécissant parfois à l'extrême ce lit et ne lui laissant d'autres alternatives que celles de se trouver d'autres voies pour écouler ses eaux vers la mer...
Quand j'ai lu ce matin sur la Dépêche de Kabylie les affirmations du Wali de Bouira disant que le plan de protection des catastrophes liées aux crues des oueds était "fin prêt" et que "on a essayé de colmater toutes les brèches qui subsistaient" '(sic), je n'ai pas pu m'empêcher de me dire: Allah yestor bark !...
4/11/2014
