JOURNEE DE LA TERRE

 Nous sommes le 22 avril…

C’est la journée de la terre… yaoumou el Ardh… un jour de sensibilisation aux risques qui pèsent sur notre bonne vieille terre, que fêtent plus de 180 pays dont le nôtre bien sûr…

Mais nous le célébrons fort heureusement de manière purement formelle car nous aurions pu, si la tradition de sa célébration était bien ancrée dans nos habitudes, la fêter à coups de ballons en plastiques qui vont polluer encore plus nos sols ou de meetings dans le peu de ce qui reste de nos forêts, non pas en reboisant mais en festoyant à coup de chips, bouteilles de sodas en polyéthylène et autres boissons pour que le soir venu nous quittions les lieux en laissant le plastique étouffer la forêt…

Nous voyons de quelle manière nous fêtons le Mouloud !...

Pour montrer un peu l’incommensurabilité de notre inadaptation à l’universalité, on peut essayer de retrouver la part qui est faite au respect de la nature par toutes les listes de nos candidats à la députation qui sont censés nous assurer la belle vie en occupant notre hémicycle…

Nous pouvons aussi les suivre dans leurs meetings… il est absolument certain que pas un de ces candidats et pas une de ces candidates ne sait même que le 22 avril est consacrée par l’ONU, depuis U Thant, à la terre…

Il y’a d’ailleurs fort à parier qu’ils ignorent tous, ce que fut Monsieur U Thant et qu’à l’énoncé de son nom ils pensent que c’est le nom d’un groupe de rap, celui d’un char d’assaut soviétique ou d’une marque de soins pour cheveux à la kératine qui nous viendrait du Brésil…

Parlant du Brésil, nous savons tous que les grands enjeux écologiques et environnementaux s’y situent et qu’il est illusoire de vouloir sauver la terre avec les blessures qu’on a infligées à son poumon qui est la forêt amazonienne…

Pour rappel, cela fait un peu plus d’un tout petit demi millénaire que le Brésil fut « découvert » précisément le 22 avril 1500, par Pedro Alvares Cabral et il faut admettre que les destructions qu’a connues son espace ont été des milliers de fois plus fortes que toutes celles qu’il dut supporter depuis la disparition des dinosaures…

C’est pour dire que nous progressons à pas de géant… vers notre propre anéantissement…

Je ne m’étalerai pas trop sur cette journée du 22 avril… je signale seulement que les éphémérides y situent la naissance de Lénine en 1870 et la mort de Nixon en 1994 et que c’est en ce jour de 1370 que fut posée la première pierre de la forteresse de La Bastille…

Mais comme il y’a aussi une vie en dehors de l’Europe et de l’Amérique, je dirai aussi un mot de l’écrivain congolais Tchicaya U Tam'si, mort en cette date, à 56 ans en 1988…

Je n’ai lu aucune oeuvre de ce poète engagé car il est impossible de trouver ses œuvres dans nos librairies… que dis-je ? Il est impossible de retrouver nos librairies que notre politique culturelle soutenue a transformées en pizzerias et taxiphones ; mais j’en parle quand même pour dire qu’il s’est choisi le nom de U’Tam’si en 1957 et que ce nom en langues bantoues veut dire : « celui qui parle pour son pays »… sans être obligé de le faire dans les langues de son pays puisqu’il maîtrisait mieux la langue de ses oppresseurs…

U Tam’si qui rejoignit le Congo à son indépendance pour parfaire sa libération en travaillant avec Lumumba mais c’était compter sans la perfidie des « puissances tuté-laires»…

Voilà… de U Thant à U Tam’si, nous aurons fait briève-ment le tour de ce jour que je nous souhaite aussi heu-reux que possible sur cette bonne vieille terre dont nous devons reconnaître la patience et la générosité puis-qu’elle accepte toujours de nous porter malgré toutes les épreuves que nous lui faisons subir…

22/4/2017

L'HOMME EST UN LOUP POUR L'HOMME

 Nous sommes le 21 avril 2017… l’atmosphère s’est légèrement refroidie entraînant une plus forte désaffection pour les élections législatives dont la campagne se poursuit entre chats et souris, les fidèles d’un candidat collant les affiches, les fidèles d’un autre les déchirant…

On voit des voitures sillonner les rues, des permanences décorées de drapeaux et de portraits mais il n’y’a ni dis-cours ni meetings…

C’est une campagne muette car conduite par des hommes qui n’ont rien à dire, qui ne savent rien dire et que personne ne veut entendre dire car tout ce qui devait être dit a été dit…

Des hommes à la recherche du pactole ou de l’immunité que confère le statut de député et qu’accompagnent des femmes qui ne montrent rien parce qu’elles n’ont plus rien à montrer car tout ce qui devait être montré a été montré et qu’il ne reste plus rien à montrer...

Et en face, un peuple à qui on ne la fait plus parce qu’on lui a fait tout ce qu’il ne fallait pas lui faire et qu’il ne reste rien à lui faire…

L’ « élite », elle, suit beaucoup plus la grosse comédie française que le vaudeville de chez nous… un peu comme elle suit de manière plus intéressée les joutes footballistiques du FC Nantes et du PSG que les laborieuses rencontres entre l’US Chaouia et la JS Kabylie…

L’attentat des Champs Elysées, tragique fait divers commis par un candidat au suicide, fait la une des médias et les gorges chaudes des rues… il a été revendiqué avec une louche célérité par l’EI pour bien montrer qu’il s’agit d’un acte terroriste et c’est tout bonheur pour cette nébuleuse mais aussi pour les candidats car la terreur a toujours aidé à remplir les urnes…

L’assassin du policier qui avait semble-t’il oublié de lancer le «Allahou Akbar» d’usage n’a pas dérogé à l’habitude de laisser traîner un de ses papiers sur les lieux du crime … cette fois ci ce n’est pas sa carte d’identité mais sa carte grise…

La placidité printanière n’a pas été dérangée outre mesure par les marches de la Kabylie kabylophone qui se sont déroulées comme de coutume à Tizi Ouzou, Bouira et Bejaia dans l’indifférence des autres algériens et sans se faire réprimer par le « pouvoir assassin » malgré les slogans hostiles qui ont émaillé les manifestations, le pouvoir ayant enfin compris que ce n’est pas par les lance-flammes qu’on éteint les feux sociaux mais en les laissant consumer tous seuls leur énergie…

Le 21 Avril restera pour l’histoire le jour où Romulus fonda la ville de Rome en 753 AV.JC et dont le millénaire fut célébré en 248 par un empereur nommé Philippe l’Arabe, syrien d’origine, et qui ne fut pas ingrat pour sa patrie puisqu’il est dit qu’il fit embellir Bosra, bâtit Shahba, et fit construire les propylées du temple de Jupiter à Baalbek… mais il perdit le pouvoir et la vie l’année d’après, en 249 et son souvenir s’estompa pour ne rester conservé que dans les billets de banques syrien de 100 livres…

Autre événement marquant du 21 avril, le putsch d’Alger en 1961 que De Gaulle apprit alors qu’il assistait à une représentation théâtrale en compagnie de Senghor et qu’il accusa un « quarteron de généraux en retraite » d’avoir mené, ce qui causa une controverse linguistique sur le terme quarteron car sa vraie définition ne signifiait pas 4 comme l’entendait La Grande Zohra mais ¼ de 100, c'est-à-dire 25…

Mais si Senghor fut admis à l’Académie Française, ce n’est pas cette faute qui valut à De Gaulle de ne pas y entrer car on finit par admettre que « quatuor » peut vouloir dire aussi «petit groupe" et la controverse prit fin comme furent réhabilités par la suite les généraux félons, les victimes de cet épisode passant par pertes et profits… même ceux de Gerboise Verte qui fut mise à feu dans la précipitation, un quarteron de jours plus tard, c'est à dire le 25 avril, pour lui éviter de tomber entre les mains des putschistes…