Rechercher dans ce blog

dimanche 17 octobre 2021

LA REPENTANCE NE GRANDIRA PAS LA REVOLUTION

 Voici un texte texte publié dans un quotidien en juin 2011 et que je publie à nouveau à l'occasion du souvenir des glorieuses et tragiques journées d'octobre 1961...



LA REPENTANCE NE GRANDIRA PAS LA REVOLUTION
Juppé est venu, il a dit ce qu’il avait à dire et tu ce qu’il devait taire.
Prétextant une visite à la ville jumelle de celle ou il fait le maire, il a exploité ses fonctions de ministre des affaires étranges de la France sarkozienne pour discuter entre deux thés des questions qui opposent ou dérangent les diplomaties de nos deux pays qui n’ont pas encore réussi à trouver une entente durable, se contentant d’amourettes sporadiques et éphémères dont l’ardeur est vite refroidie par les problèmes en suspens qui ressurgissent toujours au mauvais moment, un peu comme si un mauvais djinn faisait tout pour empêcher toute confluence durable.
C’est vrai que beaucoup de questions de fond restent en suspens et qu’il est aléatoire de croire en leur règlement par l’effet d’une visite ministérielle. Des questions dans lesquelles très souvent, interfèrent le passé, les sentiments et les susceptibilités et pas seulement les intérêts économiques ou géostratégiques.
Comment pourrait-il en être autrement quand on sait le poids de la colonisation du fait peut-être moins de ses drames car si les drames des guerres devaient entretenir la haine comme s’entretient la flamme des stèles aux morts, la Chine n’oserait jamais accepter l’existence même du Japon et les descendants de Churchill n’aimeraient même pas voir en photo Angela Merkell…
Les peuples savent enterrer leur passé sous les dalles commémoratives, passé qu’ils ne font ressurgir parfois que pour cultiver l’ego national et titiller la fibre patriotique, juste pour cimenter les cohésions sociales.
La repentance qui fit l’objet d’un beau tintamarre médiatique est peut-être une de ces diversions programmées par des politiciens en mal de diversion afin de faire oublier leur léthargie conceptuelle et conceptionnelle.
Les hommes de grande indigence pragmatique ont souvent recours aux tollés dogmatiques pour détourner les index de ceux qui s’insurgent devant leur immobilisme…
Belkhadem et ceux qui font les indignés du colonialisme voulaient que la France d’aujourd’hui dont se revendiquent Mgr Duval, Zidane et Vergès, se reconnaisse coupable pour des crimes commis hier par Papon, Aussaresses et Grazziani que les français abhorrent comme ils abhorrent Barbie, Laval et Brasillach.
Les acteurs de cette guerre qui portent encore dans leurs corps et dans leur âmes les stigmates de la gégène n’ont pas fait autant de tapage que ces politiciens en mal de causes à anoblir et de forfaiture à avilir.
Si les Juifs ont réussi à faire admettre au monde l’ignominie du nazisme, c’est pour que l’holocauste serve à l’Humanité pour contraindre ceux qui s’en sont rendus coupables non pas à se repentir pour se repentir mais à payer leurs méfaits par des dédommagements non seulement moraux mais financiers et pour que l’humanité édicte des interdits afin d’assurer que ces grandes dérives ne se reproduisent plus contre eux…
Qu’en est-il des objectifs de la démarche des « repenteurs » ?...
Une illusoire et stérile reconnaissance de l’injustice d’une de ces crapuleries cycliques que le monde connaît depuis Alexandre le Grand jusqu’à Custer en passant par Cortez… et dont la France n’est pas seule coupable puisque les Turcs, les Mongols, les Arabes, les Portugais, les Hollandais, les Persans et les Anglais en furent aussi coupables avant 1830 et après 1962…
Cette exigence de repentance est en réalité une de ces « conditions draconiennes » qu’on n’impose que pour faire capoter tout compromis et si elle devait être posée, ce n’est pas en ces termes, ni par une seule victime, ni à un seul acteur des tragédies coloniales car comme la France ne fut pas la seule puissance coloniale ni la plus féroce, nous n’avons pas nous aussi, n’en déplaise à notre égo, l’exclusivisme des souffrances, des tortures, des brimades, des charniers, de l’exploitation et des sacrifices.
Monsieur Belkhadem et ceux qui le suivent dans cette logique de culpabilisation devraient mobiliser tous les peuples victimes des occupations, le peuple français inclus, parce qu’au long des siècles il fut lui aussi mis sous la botte des Romains, des Ostrogoths ou des Vikings…
Ces peuples pourraient alors décider que nul d’entre eux n’a le droit de dominer un autre, pour quelque raison que ce soit, ni par les hordes déferlantes, ni par les Rafales, les Tornados et les Apaches…
C’est un grand service qu’ils rendraient à l’Humanité… et s’ils veulent montrer que le colonialisme fut réellement une œuvre de piraterie indigne, qu’ils commencent à inculquer son histoire aux enfants de l’indépendance qui, comme le montrait il y’a quelques jours un dessin de notre ami Akim paru en dernière page de ce journal, croient que 1er Novembre, 20 Août et 5 Juillet ne sont que des… noms de stades…
Qu’ils veillent aussi à éviter à tous les supplétifs du colonialisme, planqués dans les administrations, de surnommer perfidement et officiellement une impasse au nom du 1er Novembre… comme à Rouiba et qu’ils donnent le nom de Colonel Abbès à une plage qui mériterait mieux celui de Bois de Boulogne ou qu’ils surnomment « Hai El Houria » un quartier aux égouts éventrés et où s’amoncellent les détritus… et s’ils en ont la volonté et la force, qu’ils essaient donc de faire de ce pays indépendant de la France coloniale une grande démocratie où les jeunes n’auront pas besoin d’ aller querir leur pitance, leurs loisirs et leur liberté au risque de leur vie, chez cet occupant d’hier qu’ils vilipendent… et enfin, qu’ils fassent revenir à la raison tous ces acteurs de notre grande Histoire, de Ben Bella à Kafi et de Yacef Saadi à Ighilahriz qui, par leurs querelles de clochers, administrent à la Révolution libératrice des ruades qui font très mal à son honneur et à sa grandeur…
En réalité, quoi que ces « repenteurs » confèrent comme légitimité à leur exigence, vu le sort réservé à l’indépendance, leur démarche restera aussi irréaliste que très peu crédible et ne témoignera ni de leur trop plein de nationalisme ni de leur prétendue haine du colonialisme mais seulement d’une manœuvre dilatoire pour faire oublier certaines expectatives devant des questions plus urgentes, plus vitales ou qui nécessitent plus de lucidité ou plus de … courage!
Quant à la repentance et à bien réfléchir, notre Révolution n’en sortira que plus grandie si la France continue à défendre le caractère « civilisateur » de ses « grandes œuvres coloniales » qu’à les considérer comme ignominies car dans le premier cas nous aurons la fierté de revendiquer une libération arrachée de haute lutte et contre la volonté de l’occupant comme ce fut le cas, et dans le second, une indépendance octroyée volontairement, par cet occupant qui aurait fini par prendre conscience par lui-même de l’injustice de ses « basses œuvres »…
Certains planqués n’affirmaient-ils pas déjà, aux lendemains du 19 mars 1962 que l’indépendance était… un cadeau de De Gaulle ?... La repentance ne ferait qu’accréditer cette thèse…

EL MOURADIA N'EST PAS SAMIRA TV

  CONSECRATIONS SANS MERITES... Je n'ai pas l'honneur de connaître tous les sénateurs, heureux élus du tiers présidentiels, ni les a...