Nous sommes le lundi 7 avril 2014...
Sellal est un piètre harangueur de foules... tout le monde l'a vu, tout le monde l'a entendu... ni mots galvaniseurs, ni gestuelle entraînante, ni emphase ni rien... pas même de la suite dans les idées... discours très mal improvisés,
argumentaires éculés, populisme débridé... ni la conviction d'un Belaid, ni la hargne d'une Hanoune, ni la rigueur d'un Benflis, ni la fausse théâtralité d'un Robaine, ni l'arrogance d'un Touati... langage simpliste de l'homme qui n'est pas venu pour convaincre car il doit penser parler à des gens convaincus et c'est le cas...
De ce fait, ceux qui l'empêchent de parler, font son jeu en ne lui permettant pas de s'aliéner des pans entiers de ses auditoires à chaque fois qu'il ose discourir et l'on se prend à penser que ce ne sont pas les foules qui lui font la claque en s'en foutant royalement de ce qu'il dit et qu'on aurait ramenées des banlieues des villes par pleins bus pour lui servir de décor qui lui sont profitables mais plutôt les quelques loubards qu'on aurait mobilisés pour perturber ses meetings...
Car et en terme de sympathie citoyenne, un meeting perturbé rapporte infiniment plus à Sellal et à sa cause qu'un meeting qui se déroulerait impeccablement de bout en bout...
Celui qui est à plaindre face à ces huées qui accueillent Monsieur Sellal, c'est le président sortant qui voit d'autres candidats le coiffer au poteau dans le domaine où il est le plus performant: celui de la harangue...
Et l'on est obligé de reconnaître que quelque part, ce monsieur est l'objet d'une vraie punition divine car il a été frappé dans son meilleur, pour ne pas dire son seul atout: celui de sa faculté à bien discourir...
Quand on sait que c'est essentiellement son oraison funèbre sur la tombe de Boumediene qui lui a valu toute sa gloire, surtout en comparaison avec ses prédécesseurs qui démontraient qu'ils sortaient de la grande muette car ils articulaient difficilement des discours sans relief, on mesure ce que cet homme a perdu en devenant aphasique...
En faisant de Sellal son porte parole, il s'est donné le coup de grâce dans ce pays où "elli itartag 3ayniih yaghleb sah'bou" (celui qui fait éclater son regard bat son adversaire)...
Son staff vient de comprendre tout le préjudice que lui aura causé son chargé de campagne et, pensant qu'on n'est jamais aussi bien servi que par soi-même, il a ouvert les archives de ses discours et nous les sert avec profusion sur tous les canaux susceptibles de porter sa voix...
Déphasés, irréels, dépassés, ces discours auront quand même plus d'impact que les envolées trop feintes de Sellal, les arrogantes diatribes d’Ouyahia, les monotones leçons en arabe châtié de Belkhadem, les coups de gueules crispés de Saidani...
Il restera aux tribuns recalés à essayer à chaque fois de se faire chahuter pour mieux se victimiser et c'est chose facile puisqu'il y'a toujours une petite bande d'ahuris prête à lancer des pierres et à aboyer des slogans haineux sur la caravane en ignorant que c'est de cette manière qu'elle la fera avancer...
7/4/2014
