Depuis quelques années, l'Etat déclare à chaque début de saison estivale, par ses voix les plus autorisées, la gratuité d'accès aux plages et la fin du diktat des ".parkingueurs"...
Cette année les rodomontades ont dépassé de très loin les voeux pieux des autres années...
Nombre de ceux qui ont cru à ces engagements ont dû le payer par de dents cassées, des yeux au beurre noir, des bosses sur la tête ou... par le passage de vie à trépas...
Suite à l'un de ces actes qui a fini par le meurtre d'un vacancier dans un parking d'une ville balnéaire, d'aucuns ont incriminé le peuple pour sa passivité alors qu'ils avaient devant eux le tragique résultat de sa courageuse réactivité...
Cela m'a inspiré cette réflexion:
Il ne faut plus parler de peuple... le peuple n'est pas un ensemble monolithique... il est composé de citoyens qui viennent garer leurs voitures sur des espaces publics et d'autres citoyens armés de gourdins qui exigent leur dîme pour le leur permettre...
Et on peut trouver des "parkingueurs" dont les frères ou les fils sont "gareurs" et des frères et fils de gareurs qui sont parkingueurs...
Et c'est la même chose pour les policiers et les voleurs, les militaires et les civils, les directeurs et les employés, les enseignants et les enseignés, les militants du RND et du FLN, les médecins et les malades, les oligarques et les prolétaires, les footballeurs et les supporters, les vendeurs de poulets à 450 da et les acheteurs, les agents de sonelgaz, des PTT et de l'ADE et les branchés aux différents réseaux...
Quand on dit qu'une partie du peuple se laisse faire, on doit reconnaître qu'elle se laisse faire par une autre partie du peuple...
Le Pouvoir, c'est à dire ceux qui ont les prérogatives de réglementer, et de veiller sur les rapports du citoyen avec ses semblables ou avec son environnement ou avec les institutions de l'état est, lui aussi composé de toi, moi et les autres et non de français, saoudiens, pakistanais, australiens; inuits ou atlantes et mobilise des algériens en uniforme ou en habits civils mais pas des pasdarans ou des peshmergas...
L'intifadha citoyenne ne doit pas cibler les fauteurs de troubles... l'Etat dispose d'assemblées élues, d'administrations désignées, d'une police et d'une justice dont la mission essentielle consiste à garantir la quiétude citoyenne en assurant l'ordre et le respect des lois ...
La lutte citoyenne doit imposer aux représentants de ces institutions de jouer leur rôle ou de se démettre...
Le meurtre du jeune homme d'El Oued exige que les autorités qui ont permis ce meurtre par négligence, nonchalance, indifférence ou imprévoyance soient immédiatement démis de leurs fonctions et qu'un procès leur soit intenté avec force médiatisation pour les besoins de la pédagogie sociale... afin que le citoyen sache qui doit faire quoi et que les "responsables" comprennent que la responsabilité consiste à rendre des comptes et non à s'ouvrir des comptes seulement...
Dans l'ordre naturel des choses, les concernés doivent démissionner d'eux-mêmes... mais nous sommes très loin de cet ordre...
On a vu, dans un pays où prévaut cet ordre, un ministre des travaux publics remettre le tablier pour l'écroulement d'un pont (1)...
C'est vrai que chez nous les scandales et drames à répétition qui ont touché ce même secteur n'ont été d'aucun effet sur son ministre et ses cadres... quand ces scandales sont devenus trop lourds, on l'a envoyé se refaire une santé au tourisme et quand il s'est bien requinqué, on lui a trouvé une voie de garage dorée comme sénateur du tiers présidentiel...
Voilà ce que je voulais vous dire... et si vous trouvez que rani nokhrott bark, dirou belli ma goult walou !
9/8/2018
(1) il s'agit de Jorge Coelho, Portugal...6 mars 2001.
