2h30mn. Jeudi 30 avril 2015...
Mon entracte nocturne m a été restitué.
Je n'allumerai pas la lampe pour lire un des livres qui traînent sur ma table.
Je vais vous parler d'un phénomène nouveau dont j'ai constaté hier la énième manifestation...
Je vous raconte.
Hier donc, arrivé chez moi, j'ai ressenti l'impérieuse envie de ressortir pour profiter de ma soirée printanière en vadrouillant sur les chemins d'alentours du village.
J'ai appelé mon ami Bacha et nous voilà roulant sans mot dire en regardant les arbres dormir en refermant leurs bras.
Puis nous eûmes l'idée d'aller nous acheter quelque dessert du bord de la route nationale. Il y avait encore un marchand de fruits qui étalait des oranges a 65 Da et des fraises a 250 Da.
Moi vous me connaissez, je ne résiste pas aux fraises, aussi demandai-je un kilo avec l'idée que je pourrais ramener à la maison une demi-livre.
Le vendeur se mit a peser... Il me fourra mes fraises dans un sachet plastique noir et me les tendit en me demandant de lui "pardonner" les 50 centimes qui manquaient pour faire le poids...
Et c'est de cette "dhahira el 3adjiba" (phénomène étrange) que je voulais vous parler. Du temps de notre indigence, le principe général consistait à "faire tomber la balance" (tayah' el mizane), aujourd'hui, on cherche à se rapprocher du poids sans le dépasser. Et c'est toute une culture commerciale qui fout l'camp comme ont foutu l'camp d'autres bonnes valeurs.
Vous allez me dire que j'en fais un peu trop pour 50 malheureux centimes et je vous répondrais que vous ne m avez pas compris... Je veux juste vous dire que nous ne calculons plus par excès mais par défaut... Le poids des fraises ou autre chose; et c'est malheureux !...
Voilà ce que je voulais vous dire et si vous trouvez que j'ai tort, dirou belli ma goult walou !
30/4/2015
