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samedi 4 novembre 2017

BOUMEDIENE, PARTI UNIQUE ET SOCIALISME

 BOUMEDIENE, QUOI QU’ON DISE – 2e PARTIE




Dans les reproches faits à Boumediène on rencontre outre ceux que j’ai cités dans la première partie et qui ne furent malheureusement que très peu débattus, les intervenants se cramponnant à 2 ou 3 idées fixes, on rencontre dis-je deux autres, l’un politique et l’autre économique, qui sonnent en "eureka" dans la bouche et les écrits de ses pourfendeurs :
1- l'option monopartiste
2- l'option socialiste
Je vais, dans ce qui suit, essayer de dire quelques mots sur ces choix que certains jugent catastrophiques en faisant prévaloir l’idée que d’autres choix auraient permis au pays un décollage vertigineux quand d’autres affirment que sans ces choix le pays aurait été disloqué et la Révolution n’aurait même pas tenu la promesse de l’unité de la nation et de la conservation de son intégrité territoriale…
Les deux ont bien sûr raison parce qu’avec des hypothèses toute conclusion se tient…
1- LE CHOIX DU PARTI UNIQUE.
Ceux qui reprochent à Boumediene d'avoir défendu le monopartisme oublient sciemment cette incontestable évidence: L'Algérie n'est ni la France, ni le Maroc, ni la Libye, ni la Tunisie.
L'Algérie est un cas unique.
C'est un pays qui a subi une colonisation de peuplement et dont la décolonisation s'est faite avec une rare brutalité et une véritable politique de la terre brûlée.
La guerre a été menée sous la bannière du FLN, un mouvement de libération qui avait pour programme essentiel et exclusif: LA LIBÉRATION DU PAYS car c'était en elle même un trop vaste programme...
Pour y arriver, le FLN a dû réduire toutes les velléités et les ambitions politiques (parfois fondamentalement divergentes) qui divisaient les Algériens: Ulémas, communistes, messalistes, arabistes, berbéristes, assimilationnistes...
La mise au pas de ces tendances ne pouvait se faire avec un gant de velours et ça se comprend ! Et si les différentes tendances ont accepté de se fondre dans le moule du FLN, elles n'ont pas pour autant renié leurs principes ni pardonné cette mise au pas.
A l'indépendance, deux choix se présentaient:
a)- libérer les tendances et leur permettre d'activer, chacune selon ses conceptions.
b)- adopter le même schéma politique que celui imposé par la guerre de libération …
La première alternative ne pouvait être envisagée, sachant que le pays était d'une part extrêmement fragile et que d'autre part, la guerre froide battait son plein et faisait courir le risque d'une guerre civile dévastatrice sous les influences et les exhortations des deux blocs.
Et c'est la deuxième option qui ne fut même pas choisie mais qui s'est imposée.
La première Constitution a le mérite d'expliquer sans ambages cette option puisque dans son préambule elle dit textuellement:
" Les régimes présidentiels et parlementaires classiques ne peuvent garantir (la) stabilité alors qu'un régime basé sur la prééminence du peuple souverain et du parti unique, peut l'assurer efficacement."
Le pouvoir de l'époque fut aussi très clair dans ses choix puisque:
Le 14/8/63, le décret 63/297 fut promulgué; tous les ministres et Ben Bella signèrent l'interdiction " sur l'ensemble du territoire national les associations ou groupements de fait ayant un caractère politique."
Et comme conséquence logique de ce décret, le 28/9/63 est prononcée la dissolution du FFS "considérant qu'il poursuit un but politique, que son activité est de nature à porter atteinte à l'intégrité du territoire et à l'unité nationale."
Le choix du parti unique ne découle pas de la volonté de Boumediene mais des résolutions sans ambiguïté du CNRA…
Dans l’annexe réservée au parti, voici en toutes lettres ce qui est dit :
" Pour réaliser les objectifs de la Révolution démocratique populaire, il faut un parti de masse puissant et conscient.
Né dans le feu de I'action, le FLN a rassemblé en son sein toutes les forces vives de la nation. Des tendances diverses drainant des idéologies disparates ont coexisté en son sein.
Les structures ont été élaborées d'une manière empirique et en fonction des besoins immédiate de la lutte.
Sa reconversion en parti politique est devenue une nécessité impérieuse pour notre marche en avant."
Ceux qui accusent Boumediene d’avoir choisi le monopartisme se gardent toujours de citer ce texte et se contentent de disserter sur l’antinomie qui existe entre démocratie et parti unique… chose que le CNRA a évacuée à sa manière en prévoyant l’application de la démocratie dans le parti lui-même et non en dehors.
Conclusion ; le monopartisme n’est pas une décision de Boumediene… le FLN a, dans la plate forme du Congrès de la Soummam exclu d’emblée le pluripartisme en dénonçant nommément toutes les tendances (communisme, messalisme, maraboutisme etc)…
Mais les pourfendeurs de Boumediène ne font aucun cas des textes « fondamentaux » de la Révolution pour la bonne et simple raison qu’ils ne les ont pas lus ou… parce qu’ils croient plus pertinentes les théories démocratistes développées en «métropole»…
2- L'OPTION SOCIALISTE
Dans le domaine économique aussi, deux alternatives (il n'y en a pas d'autres !) devaient s'imposer: le libéralisme ou le dirigisme.
La propriété terrienne, commerciale ou industrielle étant vacante du fait du départ général et précipité des colons, commerçants et industriels français suite à la grave fracture entre les deux communautés causée par l’OAS, il fallait consacrer cette propriété "bien du peuple" ou l'affecter à de nouveaux propriétaires.
La Révolution s'étant laissée prendre à son altruisme a préféré ne pas considérer cette propriété comme un butin de guerre et la répartir entre les combattants.
Le pouvoir a confié l’exploitation des fermes dès le 22 octobre 1962 aux "Comités De Gestion" (décret signé par Ben Bella, Francis, Medeghri, Ouzeggane et Boumaaza) et en fit de même pour celle des usines, ateliers et mines le 23 novembre 1962 (décret du 23 novembre 1962 signé Ben Bella, Francis, Laroussi Khelifa et Boumaaza ).
Le choix du socialisme qu’on avait surnommé « autogestion » s'est ainsi imposé de lui-même et bien malin celui qui peut même aujourd’hui suggérer une autre solution sans occulter les réalités des statuts des biens de production aux lendemains de la libération…
Et pour prouver que le socialisme fut une option imposée aussi bien par la philosophie de la Révolution que par la situation réelle de l’économie et non par Boumediène, on doit savoir que le 5/4/1963 déjà Ben Bella avait nommé Mohamed Harbi conseiller chargé du secteur socialiste; et ce qu’on feint d’ignorer c’est que Boumediene fut plutôt accusé de tiédeur dans la mise en oeuvre du socialisme que d’empressement…
L'option socialiste qu'on impute à Boumediène ne fut en rien comme nous venons de le voir, une lubie du Kim Il Sung qui dormait en "Boukharrouba" mais une option prévue par les textes fondamentaux de la Révolution et imposée par le statuts des terres et des établissement industriels, artisanaux et commerciaux... C'est en tergiversant dans l'adoption de cette option que Boumediene aurait trahi la cause nationale, pas en l'assumant.
Dans la 3eme partie je donnerai mon avis sur Evian, Reggane, Mers el Kebir et Oued Namous.
5/11/2017

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