LE SOLILOQUE D'UN MAL RASE
Je ne sais pas pourquoi j'ai le moral à plat.
Ce n'est certainement pas à cause de la défaite de l'EN, c'est le dernier de mes soucis...
Ça ne doit pas être à cause de la mort du roi d'Arabie, je considère qu'il a trop tardé...
Ce n'est pas à cause du temps qu'il fait, c'est vrai qu'il est lourd mais personne ne m'a obligé à le porter...
Ce n'est pas à cause de ma journée passée au lit, je sais qu'on m’a déjà préparé un programme de deux jours pour la seule journée de demain...
Çà ne doit pas être pour la lourdeur du repas de midi, je n'ai pris qu'un morceau de galette et des olives...
Ce n'est pas pour avoir vu Belhadj brûler le drapeau français sous les cris de Allahou Akbar, on appelle chez nous ces enfantillages d'adultes: folklore, cilima ou plus vertement: t'makhrig.
Alors qu'est ce qui m'a abaissé le moral au niveau de la semelle de mes souliers ?...
Je crois deviner !... C'est justement ces souliers dont la semelle s'est détachée hier et que je dois impérativement remplacer demain...
Et c'est pour moi une véritable épreuve que de choisir de nouvelles chaussures...
Passe pour l'été où tout mocassin peut faire l'affaire, mais l'hiver impose des critères d'imperméabilité, de semelles crénelées, de confort pour le pied...
Mais entre nous, en découvrant la raison de mon stress, ça m'a déstressé...
J'ai pensé aux malheureux hommes de condition supérieure qui voient venir la crise et qui doivent, eux, avoir à juste titre le moral à plat.
Et je me suis dit, si le Bon Dieu m'aime, qu'il me laisse juste dans mes souliers, cela me va !
23/1/2015
