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lundi 30 novembre 2020

PÉNURIE DE NOMS

 C'est la mosquée du village... Elle ne porte ni le nom de Mohamed Arkoun, ni celui de Mohamed Aroua, ni celui de Malek Bennabi, ni celui de Ben Badis, ni celui de Chikh Abderrahmane El Djillali, ni celui de Cheikh El Bachir el Ibrahimi, ni celui de Larbi Tebessi, ni celui de Sidi Boumediene, ni celui de Tarik Ibnou Zyad, ni celui de Chikh Hamani, ni celui de Ali Chentir et j'arrête là la liste de tous nos valeureux érudits et combattants de la foi...

Je parie que dans le pays, parmi les milliers de mosquées, il y'a au moins 300 qui portent le nom de Ali Ibn Abi Taleb, de Omar Ibn El Khattab, de Abu Bakr Essiddik ou d'autres illustres compagnons du Prophète (sans qu'aucune d'entre elles ne porte le nom du Prophète)...
Ayant souscrit officiellement à l'idée que notre guerre de libération fut une guerre sainte puisque nous avons appelé sans réserve ses combattants "Moudjahidine" et ses victimes "Chouhada", nous aurions pu continuer sur notre logique djihadiste et donner à nos mosquées les noms de nos hommes morts pour notre foi au lieu de nous limiter à leur accorder des noms de stades, de rues, de plages ou de bibliothèques communales...


Ceci dit, je précise à ceux qui lèvent déjà l'Index de l'invective et de l'anathème contre ma petite personne, que je ne suis pas contre l'imam Ali et les Compagnons du Prophète...
Ni même contre Sidi Okba dont on a donné le nom à l'autre mosquée du village !
Je note toutefois que nos frères arabes et musulmans dont nous honorons les noms des ancêtres n'ont jamais honoré les nôtres et qu'il ne doit exister de par le monde aucune mosquée Zabana, aucune rue Ben M'Hidi, aucune place Amirouche, aucun stade Benabdelmalek Ramdhane... Le seul honneur accordé à notre pays par un pays " frère" étant le nom de M. Bouteflika accordé à une avenue de Bamako et qui lui sera retiré quand notre futur président entamera son oeuvre de debouteflikisation comme l'ont fait ses prédécesseurs pour leurs prédécesseurs...
Je dis tout ça juste parce que je ne pouvais pas le laisser pour moi et si vous trouvez que j'aurais trop dit, dites-vous que ma goult walou...
30/11/2016

SCENES DES ANNEES DE GUERRE

 Une autre scène de notre quotidien des années de guerre...

La construction d'une maison...


Chez nous on ne construit pas en pierre... la pierre n'est pas disponible car nos terres sont argileuses...
Les maisons sont réalisées en quelques jours... un coffrage en bois rudimentaire, on malaxe l'argile avec de la paille, on l'humidifie légèrement, on dépose "le mortier" dans le coffrage puis on dame à l'aide de grosses masses après avoir placé des branches d'olivier pour retenir la terre... on décoffre et on avance...
Certains utilisent des "parpaings" en terre mais la préférence est toujours allée pour les coffrages qui font peut-être 40 cm...
La toit est fait d'une poutre maîtresse en chêne ou pin... au milieu de la pièce une poutre verticale terminée en Y retient la poutre maîtresse... on l'appelle "r'kiza"... on y accrochera par la suite le petit miroir qui sert au maître de maison à se raser, un calendrier à feuillets détachables, un bouquet d'ammi-visnaga (nettayna, khella) qu'on utilisera comme cure-dents etc...


Des "pieds droits" seront mis de part et d'autre de la poutre maîtresse et seront recouverts de roseaux sur lesquels on mettra une couche de terre... et le tout sera recouvert de tuiles ou de diss...
Le parterre restera en terre battue et on y construira une marche (le k'dar) qui recevra les koufi... on prévoira un espace moins élevé que celui qui sera utilisé par la famille pour veiller et dormir: le "daynine" où on mettra la vache et qui comportera une ouverture circulaire de 20 cm ou un peu plus pour l'évacuation du purin: "la zelloughiya"...
Les murs seront crépis à l'argile et lissés... on les décorera d'une bande qui parcourra les 4 murs sur un mètre de haut... le bas de cette bande recevra une couche de terre mélangée à de la bouse de vache qui détonera avec le haut qu'on badigeonnera à la "bayyadha" (calcaire)... on pourra ajouter au dessus de la bande séparatrice un dessin de forme sinusoïdale qu'on réalisera avec des feuilles de "medjir" (mauve)... ce dessin porte un nom très suggestif: "boul el ferd" car il ressemble à la trace laissée sur la terre par le bœuf qui se soulage en marchant...
L'extérieur sera entièrement badigeonné de calcaire blanc qu'on ramènera d'un gisement plus ou moins éloigné... le nôtre se situait à plus de 7 km... un chwari (bât) suffira à blanchir tous les murs...
On terminera en protégeant le mur exposé au vent du nord par des branches de jujubier...
Ces maisons en terre sont climatisées de nature... en été elles sont d'une très agréable fraîcheur et en hiver elles conservent la chaleur du "nafakh" (âtre amovible en terre cuite), tout le contraire du béton que nous avons adopté dans notre fuite en avant, même dans la profondeur de nos campagnes...
On n'oubliera pas, en construisant les murs, d'y jeter une pièce de monnaie dans la terre pour la baraka...
NB1/ Regardez un peu les costumes et l’omniprésence du saroual maqqa3da (nous l'appelons chez nous "seroual bourouba"), regardez aussi les couvre-chefs... et notez l'extrême rudimentarité de l'échelle...
30/11/2017

LE KOUFI, ACTEUR INCONTESTABLE DE LA REVOLUTION

 Une autre scène de la vie villageoise en 1961... Ca se passe incontestablement chez nous puisqu'on voit à droite Doumaz et devant, les montagnes de Dra El Mizan... je situe la scène du côté de "la SAS"... On voit une dame d'un certain âge occupée à confectionner des "koufi", grosse jarres en terre non cuite dans lesquelles on mettait le blé, l'orge, les figues, les fèves... Un bouche était ouverte à 30 ou 40 cm à partir du sol et on la fermait avec un bouchon en liège...


Il faut reconnaître à un animal et un objet les mérites de nous avoir conduits à l'indépendance: l'âne et le koufi...
je me souviens que nous en avions 3... deux très ventrus et un petit... ils étaient debout sur le "k'dar" de la maison à une seule chambre que nous habitions... nous dormions à leurs pieds... la vache avait sa place au "daynine"... la cuisine se faisait dehors dans un auvent.
Je dis que le Koufi a participé de manière décisive à la révolution et que sans lui nous n'aurions pas tenu une semaine... c'est notre cas aujourd'hui... aux lendemains de l'indépendance nous avons cassé tous nos koufis et aujourd'hui nous ne pouvons pas supporter un siège de 3 jours car nous n'avons pas où stocker nos réserves et vivons dans la formule "n'har yedhman n'har" (un jour garantit l'autre) en comptant sur le boulanger qui compte sur le minotier qui compte sur... le navire céréalier...
1/12/2017

JOURNEE DE LA PIOCHE

 Nous sommes le 30 Novembre.

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C'est la journée de la pioche... "el fess"...
Il est une citation très ancienne qui dit de notre douar, nommé "Harchawa" que c'est une pioche sans manche... "Harchawa, fess bla h'rawa"... Nous nous répétons cette sentence après chaque élection locale et les inconséquences de nos élus nous confirment toujours sa pertinence...
Une population qui pourrait, comme les "fils de Yukong" de la vieille légende chinoise, déplacer les montagnes à l'aide de ses seuls paniers et qui, faute de se trouver une bonne tête, gesticule désordonnément de ses membres...
En vérité, je ne crois pas que cette sentence soit exclusive à mon douar... je me dis que cette malédiction frappe toutes les régions et tout le pays et il en sera ainsi jusqu'au jour où la manne s'assèchera et que nous serons contraints de savoir faire usage de notre intelligence et de notre force pour "produire" plutôt que de notre ruse et de nos malices pour "partager"...
Le 30 novembre c'est aussi le jour de la venue au monde en 1874 d'un vrai manche de pioche en la personne de Winston Churchill, homme de volonté, d'action, de courage, de pertinence et... d'humour !
Un homme qui eut le courage en 1940 de dire à ses concitoyens: "Je n'ai rien à offrir que du sang, du labeur, des larmes et de la sueur.”
Tout le contraire de certains de nos gouvernants qui ont toléré la rapine à grande échelle en dilapidant une manne inépuisable en projets démagogiques et en achats effrénés de gadgets et de la paix sociale et qui, sans même un état de guerre, paniquent à la survenue des prémices de la crise parce qu'ils avaient oublié que "gouverner c'est prévoir"... comme l'affirmait Emile de Girardin, le père incontesté du journalisme qui disait aussi « La force des gouvernements est en raison inverse du poids des impôts. »...
Des impôts et taxes que nos gouvernants ont décidé d'augmenter pour faire face à cette crise, démontrant ainsi leur "force" et donnant raison aussi bien au bon mot de M.de Girardin qu'à l'adage qui colle à notre douar...



On ne sait pas ce que l'histoire retiendra de ces hommes... on sait par contre que pour Churchill elle a réservé une place de choix... il l'avait bien prévu en disant; “L’Histoire me sera indulgente, car j'ai l'intention de l'écrire.”
Il l'écrivit d'ailleurs si bien qu'il reçut le prix Nobel de littérature!
La littérature, on en touchera un mot dans cette matinale en signalant que c'est le 30 novembre 1647 qu'est mort un autre sujet de sa gracieuse majesté, Jonathan Swift, auteur des voyages de Gulliver et qui ne manquait pas d'humour... noir charbon ...
C'est lui qui, pour protester contre le sort réservé par les anglais à ses concitoyens irlandais appelait à brûler tout ce qui vient d'Angleterre, hors... le charbon !
En parlant de Gulliver d'aucuns pourraient faire un rapprochement entre Lilliput et le Gouvernement Sellal... cela ne m'engage en rien... je ferai usage d'une citation connue de la chevalerie anglaise pour rester dans le vif du sujet et dirai pour m'en laver les mains: "honni soit qui mal y pense !"...
30/11/2015

FAUX-SEMBLANTS

 Nous ne sommes pas sincères...

Nos révoltes sont des simulacres...
Nos holà sont des indignations forcées...
Nos kermesses ne sont que claques(1)…
On nous a appris que notre religion est incontestable... Nous la concevons non pas comme spiritualité mais comme fondement identitaire... Et nous nous accrochons aux apparences beaucoup plus par souci de prouver à l'autre que nous sommes ce qu'on veut que nous soyons, que par respect de ce en quoi nous prétendons croire...
On nous a dit que notre parler est soit génétique soit religieux alors que ce n'est qu'un véhicule, nous en avons fait un totem et nous le défendons même en vitupérant nos slogans dans un autre parler que celui qui nous sert de faire valoir racial ou théologique...
On nous a dit que la Révolution est sacrée, nous l'avons angélisée...
On nous a dit que le libéralisme et l'économie de marché sont une panacée, nous avons satanisé le socialisme et le dirigisme après les avoir adulés...
On nous a dit que le communisme s'oppose à Dieu, aux hommes et au progrès, nous sommes devenus des maccarthystes, oubliant vite nos généreuses amours marxistes...
On nous chante les vertus du démocratisme, nous avons fini par nous faire à l'idée que la démocratie doit s'imposer aux peuples même au prix de leur génocide.
On nous a dit que l'alternance au pouvoir est un moyen, nous en avons fait une fin que nous exigeons ridiculement des hommes du même système et non des systèmes eux mêmes sans nous rendre compte de l'imbécillité et de l'inutilité de cette coquetterie...


Nous avons répudié tout pragmatisme pour cultiver le dogmatisme dans tous nos systèmes de pensée et dans tous nos actes alors que notre raison devrait nous imposer de n'adopter et de n'appliquer un concept philosophique, théologique, économique ou religieux qu'en fonction d'un seul critère: son respect de la vie et son apport au bonheur des hommes...
Conduits patiemment par nos directeurs de consciences, nous avons fini par privilégier la forme sur le fond, le nom sur le sens, l'idée sur sa portée, le contenant sur le contenu, la virtualité sur la réalité...
Je vous entends d'ici, dire en vous arrêtant au 3e paragraphe de mon texte:"mazal'lou yetfelsef !" ou "mazalass dhi tfelsif enness !"... je vous dirais, à vous et à tous ceux qui auraient la même réaction: "ma goult walou !"
1 -Une claque est un ensemble de personnes engagées pour soutenir ou faire tomber une pièce de théâtre ou un opéra.
30/11/2017

QUE FAIRE ?

 Que faire quand on se retrouve face à soi-même ?

Lire ? La fiction ne m'inspire plus; j'ai trop voyagé dans ses mirages; et la réalité, je la devine et je la vis à travers ce que je vois, ce que j'entends, ce que je touche et ce que je sens...
Que faire ?
Ecrire...
Ecrire pour se décharger de ses tourments.
Ecrire pour insulter le temps.
Ecrire pour fustiger les forbans.
Ecrire pour prendre à témoin le vent...
Ecrire les vers sans rimes et qui ne riment à rien.
Ecrire des mots sans fonds et qui fondent en vain.
Ecrire des phrases creuses qui meurent au bout du chemin.
Vous pensez que je dis n'importe quoi ?...
Vous avez certainement raison ! Mais y a t il quelque chose qu'on puisse dire et qui ne soit pas n'importe quoi?...
30/11/2014

MNEMOCIDE

 COMMENT TAIRE ?

L'oeuvre de destruction de notre mémoire se poursuit avec un entrain continu et assidu...
Cette grande opération est multiforme et mobilise tout ce que le monde compte comme personnes, organisations et pays cultivant haine et sournoiserie pour notre Histoire car elle ne sert pas la leur ou lui fait de l'ombre...
Cela va des colonialistes qui ont brûlé tout ce qu'ils ont trouvé et qui conforte l'existence de notre civilisation, puis qui ont pillé toutes nos richesses archéologiques et funéraires, aux yankees vandaliseurs de bibliothèques et de musées, à leurs sbires islamo-terroristes négateurs des arts figuratifs et scripturaux et destructeurs de nos vestiges en pierre au prétexte qu'ils seraient prohibés par la religion et ça c'est poursuivi avec les falsificateurs qui ont inventé des légendes dorées à des héros surfaits et entaché les mérites des vrais héros en leur endossant des tares qu'ils n'ont jamais portées et qui instillent le doute sur nos sagas et nos épopées et ça continue insidieusement par la mobilisation d'une colonne d'écrivaillons de l'auto-dévalorisation et par, comme on le voit, l'effacement systématique des repères qui pourraient rappeler notre grandeur civilisationnelle...
Dans quelques décennies nous ne pourrons plus rien présenter de concret et de palpable à ceux qui diront de nous que nous ne fûmes qu'un bobard de l'histoire.
30/11/2019

EL MOURADIA N'EST PAS SAMIRA TV

  CONSECRATIONS SANS MERITES... Je n'ai pas l'honneur de connaître tous les sénateurs, heureux élus du tiers présidentiels, ni les a...