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mercredi 17 novembre 2021

ON NE PEUT LES BATTRE TOUT EN LES ADMIRANT

 “L'admiration change les proportions entre les hommes, fait de l'un un géant et de l'autre un lilliputien.”

Martine Le Coz
“Il y a des révolutions quand les classes assujetties n'ont plus d'admiration pour ceux qui les dominent.”
Pauline Harvey / Un homme est une valse

Et 1978 il y'avait la Coupe du monde de football en Argentine... mais comme en 1978 nous n'avions pas de télé couleurs au local des jeunes, nous étions un peu frustrés de ne voir qu'en noir et blanc Luke, Kempes, Bonhof et les tunisiens qui défendaient les couleurs du maghreb, de l'arabité et de l'Islam...
Bouzid Hamoudi avait à l'époque une R16 et Messaoud Adjou une 304... et il nous fut rapporté qu'à Tizi Gheniff, de l'autre côté des montagnes, il y'avait un café qui possédait une télé-couleurs...
Ce n'était pas très loin... 14 km jusqu'à Kadiria et 16 jusqu'à Tizi Gheniff par les montagnes de Beni Khalfoune où nous n'avions à craindre ni barrage, ni embouteillage, le seul risque provenant de quelque passage à l'improviste d'un sanglier...
Nous décidâmes donc de suivre les rencontres de cette coupe du monde dans ce sympathique village de Tizi Gheniff et le soir, après dîner, nous nous mettions à 5 dans chaque voiture et nous prenions le départ en spéculant durant tout le trajet sur les scores des confrontations que nous allions voir...
Mais nous n'étions pas seuls à avoir découvert la télé couleurs de Tizi Gheniff... Nos voisins et amis de Kadiria en avaient eu vent eux aussi... et c'est ainsi que le café de ce village devait réserver toute une partie de ses chaises à notre groupe mixte qui faisait preuve de solide solidarité parce que, à l'époque nous étions de la même commune, la nôtre ne nous ayant été reconnue que 6 ans plus tard.
Dans le groupe de Kadiria, il y'avait un monsieur d'une rare faconde et d'une belle gouaille... Said Mecied, Perera pour ses intimes était arbitre de football et dirigeant d'un petit club local... Avec ses yeux malicieux surmontés de gros sourcils, sa barbe délaissée et ses moustaches vives, Said Pereira était à lui tout seul un véritable spectacle et ses réflexions à haute voix, sa gestuelle, ses onomatopées, ses invectives contre les arbitres, ses analyses qu'il voulait convaincantes, étaient peut-être plus motivantes pour nous que les prestations des équipes qui évoluaient sur l'écran de la télé...
Le 10 juin 1978, c'était à la Tunisie d'affronter l'Allemagne de l'Ouest et le match était décisif car après la large victoire face au Mexique, notre représentant ethno-géographique et religieux avait fait un faux pas devant la Pologne et devait se rattraper durant cette rencontre pour aspirer à passer au second tour...
La rencontre se déroula dans un silence de plomb qu'entrecoupaient les seuls soupirs et ouf ! de colère et les coups de poings en l'air ou les claques sur les cuisses de notre ami Said Pereira...
Quand les jeux furent faits et que l'Allemagne arracha le nul, Said Pereira, au comble de la frustration eut ses mots de profonde consternation: " kifach hebbitou yerb'houhoum !... yel3bou m3ahoum ou issuportiwhoum !" trad: "Comment voulez vous qu'ils les battent... ils jouent contre eux tout en les supportant !"
Said Pereira a été assassiné par les terroristes une quinzaine d'années plus tard... mais sa sentence est restée et elle nous fait comprendre aujourd'hui le drame de nos peuples qui s'engagent véhémentement contre d'autres peuples et qui pensent pouvoir les battre tout en les supportant...

18/11/2018

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