Nous sommes le 28 avril … j’ai reçu hier des amis d’un parti politique qui prétendaient être venus me voir pour mes beaux yeux alors que je sais que mes yeux sont tout ce qu’il y’a de commun avec leur couleur terne, les cernes qui les entourent et l’air vague que leur donnent ma myopie et ma presbytie conjuguées…
En fait, ces amis sont venus me voir pour m’inviter, sans gêne, à voter pour leur candidat à la députation…
Je leur ai avoué très franchement que je le connaissais depuis mes années de jeunesse et que si eux le connaissent uniquement à travers la politique, moi je le connais beaucoup plus profondément et que je sais que son souci n’a jamais été de se sacrifier pour son prochain mais tout juste de se faire à lui-même une place au soleil…
De ce fait, leur ai-je froidement répondu, je ne voterai pas pour lui, même si je suis convaincu qu’il a su choisir le bon tremplin pour se faire propulser à nouveau député…
La nuit venue, je me suis retrouvé à réfléchir à cette pulsion qui habite les hommes et les pousse à se faire élire ou à s’imposer « fondés de pouvoir » de leurs semblables… et j’en ai déduit que l’ambition politique découle de deux motivations…
La première est très bassement matérielle.. je me fais leader pour m’asseoir à la table du festin et arracher ce que je peux arracher de ce qu’on y sert…
La deuxième est plutôt « messianique »… je ne suis pas du niveau de la canaille... je me considère plus apte que les autres citoyens à déterminer ce qui est bon pour eux et à les aider à y accéder…
Je ne parle pas des portefaix qui constituent le gros de la troupe et qui remplissent les listes de candidatures par discipline panurgique ou par simple désir narcissique de voir leurs photos sur les murs.
Je ne sais pas laquelle des motivations est la plus noble… on serait tenté de croire que la première est égoïste et la seconde généreuse… je dirais que la première est réaliste et la seconde prétentieuse… et que les deux m’incitent à aller contempler la mer à Zemmouri le jour du scrutin car je considère que le meilleur plébiscite est celui qui consiste à ce que le peuple choisisse ses élus sans que les candidats ne se proposent d’eux-mêmes….
Que la représentativité soit confiée sans qu’il y’ait au préalable manifestation d’intérêt des candidats ni campagne électorale car cet intérêt ne pourra découler que de l’une des deux motivations que j’ai citées…
Et je considère que le maire de France le plus représentatif de toute son histoire est Monsieur Patrick De Carolis qui fut élu à la mairie de son village sans se porter candidat parce que la loi électorale française prévoit qu’en cas d’absence de candidats comme ce fut le cas pour cette commune, les citoyens peuvent proposer une personne de leur choix, et le choix des 163 habitants de sa commune se porta vers sa personne, à son insu et contre son gré…
C’est cette forme de plébiscite qui répond le mieux au slogan «el mess’ouliya teklif machi techrif» dont parle sans conviction le FLN depuis l’usurpation du prestigieux sigle par les boulimiques tentés par les agapes ou par les ambitieux guidés par leur mégalomanie…
C’est cette forme de « moubaya’a » qui devrait être appliquée pour toutes les élections, de celles des maires à celle du président de la République.
En parlant de mégalomanie, on citera celle de Saddam Hus-sein, né le 28 avril 1937, moins d’un mois après notre président qui n’en manque pas aussi, pour dire que la motivation «messianique» du pouvoir finit généralement par se confondre avec la motivation matérielle car ceux qui sont atteints du « complexe de Dieu » ne peuvent concevoir un Dieu sans trône doré…
En vérité, c'est la mégalomanie et le « complexe de Dieu » qui sont les leviers qui font monter les dictateurs jusqu’à leur inévitable point de chute… Mussolini qui connut son tragique point de chute en ce jour de l’année 1945 quand il fut pendu comme Saddam, illustre bien cette vérité…
Autre mégalomane lié à cette date, Monsieur: Teodoro Obiang Nguema Mbasogo qui renversa son oncle Macias en 1979 après 10 ans de règne puis se fit élire président de la république de Guinée Equatoriale le 28 avril 2016 pour un cinquième mandat, obtenant le score très africain et arabe de 93,7 % …
Teodoro dont le fils Teodorin devrait prendre la place pour perpétuer la tradition familiale… et arabo-africaine...
C’est vous dire que les élections, ici comme ailleurs, n’ont toujours été que pièges à c…
28/4/2017
