Lors de la cérémonie d’investiture du nouveau président de la République, tout le monde aura remarqué l'intérêt accordé au cérémonial des distinctions à l'ordre du mérite national.
Je me suis permis, pour comprendre de quoi il en retournait vraiment, d'essayer de voir ce qu'est cet ordre, qui n'est pas fait pour moi, et voilà ce que j'ai appris.
L'Ordre du Mérite National a été institué par la loi 84-02 du 2/1/1984 promulguée par Chadli Bendjedid...
Le premier "Amid" de notre Histoire fut Benmostefa Benaouda le 25 octobre 1984... le mérite qui lui valut cette consécration fut... celui d'avoir été le premier président de cet Ordre...
Cet Ordre donne le titre de "Sadr", plus haute distinction, de fait et normalement sans protocole, au président de la République...
Ce fut fait par effet rétroactif pour les présidents et chefs d'Etat d'avant sa promulgation, le 4 juillet 1999... en bénéficièrent Ben Bella, Boumediene, Bitat (surement pour l’intérim assuré à la mort de Boumediene) et Ali Kafi pour avoir présidé le HCE...
Pour faire plus équitable, Bouteflika aurait pu décerner cette distinction à Ferhat Abbas, Benkhedda et Abderrahmane Fares mais il a sans doute lu de manière restrictive la Loi en considérant qu'elle concernait les seuls présidents de l'Algérie indépendante.
On présume que Boudiaf, Zeroual et Bouteflika en bénéficièrent sans tambour ni trompette, de facto comme le précise l'Article 3 de la Loi qui dit "le Président de la République est, de plein droit, Sadr de l'Ordre du Mérite National"...
Le cérémonial d'attribution de ce mérite à Bensalah et Tebboune est donc un "plus" qui aurait pu être évité... à moins qu'il n'ait servi qu'à faire passer dans le lot celui de l’élévation de Gaid Salah à cet Ordre afin d'éviter la focalisation sur cette distinction exceptionnelle (le terme a été utilisé par Tebboune) qui fait du vice-ministre des armées le premier Sadr non président de notre Histoire et qui pourrait être le dernier.
La Loi instituant cet Ordre n'a (semble-t'il) pas été modifiée depuis sa promulgation sous régime du parti unique alors qu'elle donne au FLN le même pouvoir que celui octroyé au gouvernement en matière de proposition de candidats au bénéfice des médailles...
Et l'histoire de l'Ordre montre qu'il fonctionna à plein régime durant les 2 premiers mandats de Bouteflika puis fut mis en hibernation prolongée pour n'être réveillé qu'à la venue de Tebboune puisque ses dernières médailles datent de 2009.
Que dire de plus de cet Ordre si ce n'est que l'alinéa 2 de l'article 17 de la loi l'instituant précise que les citations ne sont que symboliques et ne confèrent aucune allocation aux heureux bénéficiaires et aucun autre droit que celui de l'obligation de respect quand ses médailles sont arborées...
J'ai appris aussi quelques curieuses élévations à cet Ordre... celles de Roger Hanin, de Zineddine Zidane, de Jean-Luc de Cabrières, écrivain français dont je n'ai personnellement jamais entendu parler, de deux émiratis: Fatma Bent M’Barek, présidente de l’Union générale des femmes de l'État des Émirats arabes unis et ...Hazza ben Zayed Al Nahyan... un banquier !...
Concernant nos personnalités nationales, j'y ai trouvé Bachir Mentouri cotoyant Fadhila Dziriya, Warda, El Anka et... Smail Lamari... et parmi les héros de Novembre, on rencontre Abane et Ouamrane mais pas Krim et Boussouf, et Messaoud Belagoune et Salem Boubeeur mais pas Saout et Arab ni le Cdt Azzeddine...
On me corrigera sans m'insulter en cas d'erreurs car à défaut de sources officielles je me suis inspiré de "tout venant", merci.
21/12/2019
