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lundi 30 novembre 2020

SCENES DES ANNEES DE GUERRE

 Une autre scène de notre quotidien des années de guerre...

La construction d'une maison...


Chez nous on ne construit pas en pierre... la pierre n'est pas disponible car nos terres sont argileuses...
Les maisons sont réalisées en quelques jours... un coffrage en bois rudimentaire, on malaxe l'argile avec de la paille, on l'humidifie légèrement, on dépose "le mortier" dans le coffrage puis on dame à l'aide de grosses masses après avoir placé des branches d'olivier pour retenir la terre... on décoffre et on avance...
Certains utilisent des "parpaings" en terre mais la préférence est toujours allée pour les coffrages qui font peut-être 40 cm...
La toit est fait d'une poutre maîtresse en chêne ou pin... au milieu de la pièce une poutre verticale terminée en Y retient la poutre maîtresse... on l'appelle "r'kiza"... on y accrochera par la suite le petit miroir qui sert au maître de maison à se raser, un calendrier à feuillets détachables, un bouquet d'ammi-visnaga (nettayna, khella) qu'on utilisera comme cure-dents etc...


Des "pieds droits" seront mis de part et d'autre de la poutre maîtresse et seront recouverts de roseaux sur lesquels on mettra une couche de terre... et le tout sera recouvert de tuiles ou de diss...
Le parterre restera en terre battue et on y construira une marche (le k'dar) qui recevra les koufi... on prévoira un espace moins élevé que celui qui sera utilisé par la famille pour veiller et dormir: le "daynine" où on mettra la vache et qui comportera une ouverture circulaire de 20 cm ou un peu plus pour l'évacuation du purin: "la zelloughiya"...
Les murs seront crépis à l'argile et lissés... on les décorera d'une bande qui parcourra les 4 murs sur un mètre de haut... le bas de cette bande recevra une couche de terre mélangée à de la bouse de vache qui détonera avec le haut qu'on badigeonnera à la "bayyadha" (calcaire)... on pourra ajouter au dessus de la bande séparatrice un dessin de forme sinusoïdale qu'on réalisera avec des feuilles de "medjir" (mauve)... ce dessin porte un nom très suggestif: "boul el ferd" car il ressemble à la trace laissée sur la terre par le bœuf qui se soulage en marchant...
L'extérieur sera entièrement badigeonné de calcaire blanc qu'on ramènera d'un gisement plus ou moins éloigné... le nôtre se situait à plus de 7 km... un chwari (bât) suffira à blanchir tous les murs...
On terminera en protégeant le mur exposé au vent du nord par des branches de jujubier...
Ces maisons en terre sont climatisées de nature... en été elles sont d'une très agréable fraîcheur et en hiver elles conservent la chaleur du "nafakh" (âtre amovible en terre cuite), tout le contraire du béton que nous avons adopté dans notre fuite en avant, même dans la profondeur de nos campagnes...
On n'oubliera pas, en construisant les murs, d'y jeter une pièce de monnaie dans la terre pour la baraka...
NB1/ Regardez un peu les costumes et l’omniprésence du saroual maqqa3da (nous l'appelons chez nous "seroual bourouba"), regardez aussi les couvre-chefs... et notez l'extrême rudimentarité de l'échelle...
30/11/2017

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