Tout mouvement à caractère politique, syndical, social, corporatiste, écologique, sportif, culturel etc est constitué d'un ou de bailleurs de fonds qui financent, d'un noyau qui théorise, d'un pivot qui dirige, et d'un conglomérat d'utopistes, d'activistes, d'ambitieux, de curieux, de porteurs d'eau, de dragueurs, de noceurs, de jouisseurs, d'artificiers, de revanchards, de m'as-tu vu, de mateurs, de quêteurs, de rhéteurs, de profiteurs, de suiveurs, d'oisifs, de colporteurs, de dealers, de conspirateurs, de râleurs, de va-t-en guerre, de vengeurs, de petits malins, de trapézistes, de noctambules, de funambules, de gros dadais, de naifs, de pauvres mecs, de grosses gueules, de gentils garçons, de pov'types, de pacifistes, de bagarreurs, d'amoureux, de concentrés de haine etc... qui font l'ambiance.
Le travail des mouvements consiste à canaliser leurs membres vers un but préalablement fixé et donc, à faire d'un magma hétérogène charriant n'importe quoi, un courant homogène pouvant se mettre en branle uniformément derrière un mot d'ordre ou une bannière...
C'était le cas du FLN de la guerre de libération, ce fut le cas du FIS, c'est le cas du FFS, du PT, du RND, du FLN, de l'UGTA, du SNAPAP, du MCA ou du FC Magra...
Il n'est pas difficile de créer une "mouvement"... Il faut juste trouver un "intérêt partagé" et faire converger tous ceux qui le partagent... et si on est malin, on peut en faire une véritable force... il suffit de focaliser sur cet intérêt et d'occulter tout ce qui peut être sujet à frictions, donner en quelque sorte un moteur à la mécanique, mais un moteur à un seul temps...
Ceux qui ont compris ce topo ont réussi à créer de formidables machines, que ce soit en politique, en sport ou en d'autres choses...
Le problème de ces machines, c'est qu'elles ne sont pas viables en dehors de la contestation et de la revendication, elles ne savent pas construire de nouveaux ordres mais seulement détruire les ordres existants... il suffit aussi que l'intérêt commun soit atteint pour que l'édifice se disloque comme un château de cartes...
Mais il y'a des parades pour les gourous... Pour faire durer un mouvement, il leur suffit d' entretenir l'adversité en usant de surenchère permanente et de faire en sorte que la "cause" reste toujours mobilisatrice et pour ce faire, il doivent refuser à l'adversaire les concessions susceptibles de satisfaire cette cause en entretenant les doutes sur ses intentions...
Quand le doute sur les intentions devient chronique, le mouvement ne se contentera plus de concessions, il exigera la réduction de l'adversaire et non plus la poursuite de la pression pour lui arracher des concessions...
C'est alors la foule qui exige que l'initiative lui revienne...Et si le pivot et le noyau du mouvement tergiversent ou refusent de la suivre, ils en seront ses premières victimes... Livrée alors à ses contradictions, la foule se disloque et le mouvement meurt dans la division et l'anarchie...
J'avais envie d'écrire ces mots, c'est fait... Que ceux qui sont tentés de me les faire ravaler se disent que ma goult walou et que c'est le Ramadhan qui me fait délirer...
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