La route de Doumez... C'était le chemin de l'école...
Durant la guerre c'est pas ici que nous rejoignions l'école du village... Il fallait monter deux pentes abruptes, longer un cimetière et traverser à gué une rivière du nom de Chaab Ettolba... les ravins des "talibans" (le terme n'était pas aussi effrayant qu'aujourd'hui)...
La rivière avait sa réputation aussi... en amont du gué, elle abritait une petite colonie d'eucalyptus dont les troncs se perdaient dans les ronces... c'est là qu'habitait "El Ghoula"...
Malgré sa longueur de 3 à 4 km, c'était un chemin sûr même s'il était peu fréquenté...
Nous le faisions matin et soir... A midi nous déjeunions au village de ce que nous ramenions dans nos paniers en doum... le maître d'école nous permettait exceptionnellement de rester sous le préau...
C'était un chemin de boue en hiver. Le terre argileuse collait au semelles des bottes et nos pieds s'enfonçaient parfois jusqu'au genoux dans les crevasses laissées par les pattes des mules et des vaches... Au printemps, nous devions passer entre des barrières de blé plus hautes que nous et en automne, il nous fallait marcher en regardant vers le sud car le vent du nord nous flagellait cruellement les visages...
Il nous arrivait tout de même de faire de sympathiques rencontres... un hérisson pressé, une tortue de terre traînant laborieusement sa carapace, une perdrix accompagnée de sa ribambelle, un chacal étonné, une couleuvre en chasse...
Le chemin s'est fait route depuis une trentaine d'année... route sommaire pour tracteurs et carrioles... Depuis quelques semaines on l'a couvert de macadam...
C'est devenu une belle promenade à pieds, à cheval ou en voiture...
Petit hic car il en faut toujours chez nous: ce poteau portant transformateur et qui s'est retrouvé en plein milieu de la chaussée...
Gageons qu'il ne sera pas déplacé avant d'avoir eu sa victime propitiatoire...
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