24/8/2012
Ce ne sont pas les écrivains qui manquent dans ce pays mais
les éditeurs. et ces derniers invoquent le manque de lecteurs... comme s'ils
n'avaient pas aussi pour mission de les générer et comme si un livre était un
fruit qui se gâterait s'il n'était pas acheté (et donc amorti) dans le mois qui
suit sa parution...
L'espoir nous était venu quand Bouteflika dans un des
nombreux discours de son premier mandat avait dénoncé la faiblesse éditoriale
de notre pays (et des arabes) en la comparant avec celles de l'Espagne,
d'Israël ou je ne sais plus de qui encore... nous avons déchanté très vite en
voyant comment "la hachya" (la cour) avait pris en charge cette
problématique... une cour dont les plus remarquables représentants doivent être
fâchés à mort avec les livres...
Ils ont construit une bibliothèque par commune puis les ont
livrées aux araignées... ils ont institué un service de promotion de la
littérature qui devait donner des visas d'édition aux manuscrits, le visa
valant commande de 2000 exemplaires puis ils ont laissé les manuscrits
s'entasser pêle-mêle dans un bureau de 4x4...
ils ont organisé des tas de salons et de foires du livre
durant lesquels des millions d'exégèses religieuses douteuses et surtout
savamment orientées et de bouquins infantilisants ont été vendus...
Ils ont aussi édité des dizaines de livres mais c'était des
biographies dithyrambiques rédigées par des nègres dans une littérature
approximative, à la gloire de leurs auteurs...
ils ont sauté sur quelques livres de Zola tombés dans le
domaine public pour les rééditer dans des "jaquettes" débilisantes...
mais ces professionnels de l'édition à qui il manquait l'essentiel: la passion
éditoriale ne sont pas venus pour nous abreuver de littérature, de poésie ou de
livres relatant l'histoire et le terroir... Ils ont été agrées pour recevoir
les commandes juteuses de livres scolaires que le Ministère se fait un devoir
de changer à chaque rentrée et qui, faute de permettre à une école sinistrée de
donner des génies, ont permis à des maquignons du livre de se donner des airs
de Gallimard, l'arrogance et la fortune en plus...
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