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mardi 22 septembre 2020

LES EGORGEURS

 

Les Égorgeurs de Benoist Rey , Éditions de Minuit. 30 mars 1961.



Ce passage entre autres passages décrivant l’ignominie des troupes françaises engagées dans une guerre disproportionnée contre des « indigènes » aux armes dérisoires.

Ca m’a rappelé une expression qu’utilisait souvent ma mère à la vue d’un homme, d’une femme ou d’une bête en état de souffrance excessive : « tegta3 guelb erroumi »… c’est à lacérer le cœur d’un roumi.

« Embuscade géante par demi-sections, dans la zone Sud de T…

Tous les gens ramassés sont dirigés vers notre section de commandement, où le sergent G…, pied-noir d’Oran, interroge, aidé de ses harkis.

Comme d’autres compagnies font un vaste bouclage, les gens, apeurés, se réfugient dans la forêt où nous attendons et se jettent dans nos filets.

Les hommes sont alors attachés l’un à l’autre. Quand l’un d’eux veut uriner, tous sont obligés de se lever. Tous les militaires goûtent fort la plaisanterie.

Un homme, cependant, a sur lui des papiers compromettants, paraît-il. On lui attache les mains derrière le dos, et une corde passée à la maîtresse branche d’un arbre est reliée aux mains ; quand on tire sur la corde, l’homme est soulevé de terre, les bras distendus en arrière.

Sous le flot des questions, il joue le rôle d’un punching-ball.

Le sergent G… lâche la corde, d’un coup sec, et l’homme s’affaisse sur le sol… Au passage, il est labouré de coups de poing, de coups de pied. On le remonte et un harki s’accroche à ses jambes. Il est alors complètement distendu. Il hurle. On le descend un peu, il parle un peu. Pas assez : on le remonte. On le fait tourner à toute vitesse autour de la corde qu’on lâche ; l’homme s’écroule. On le remonte, on le boxe, on le descend et la corde est arrêtée, net ; les articulations craquent. « Arrêtez ! » crie l’homme… « Tu vas parler, salaud ! hurle le sergent G… et il le menace d’un couteau.

Et cela continue. Ce matin, trois hommes sont passés à ce supplice. L’un d’eux est resté 20 minutes.

D’autres gens arrivent. Un père déjà vieux, soutient son fils, 20 ans à peine, tuberculeux. Tous deux marchent difficilement.

A l’heure de « décrocher », de rentrer au camp, les hommes nous accompagnent jusqu’à T… , pour un contrôle d’identité.

Le père et son fils ont du mal à suivre. Comme nous marchons vite, ils nous retardent. Ils sont égorgés sur place, dans la forêt, tandis que les avions de chasse s’éloignent.

Tout le monde est d’une humeur parfaite. »

Dire qu il y’a encore des gens qui osent défendre "l’œuvre civilisatrice" de la France en Algérie, honorer les harkis et écouter Zemmour sans vomir...
23/9/2017

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