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samedi 23 janvier 2021

AUTOPSIE D'UN COMPLOT

 AUTOPSIE D'UN COMPLOT

La Bacriade est un poème « héroï-comique » en 5 chants, écrit par Barthélemy et Mery et publié en 1827 par Ambroise Dupont & Cie…
Ce poème est intéressant dans ce qu’il raconte d’abord du séjour forcé de Bacri à Paris, fuyant la vindicte du Dey et déjouant les manœuvres qui visaient à le rapatrier…
La première manœuvre fut celle de la planification de son enlèvement par cinquante gros bras embarqués par Osman, son confident, d’Egypte. Choisis parmi les têtes de turcs de la garde du Pacha Mehmet et conduits par ledit Osman jusqu’à Paris.
Je vous donne à lire les arguments développés par Osman pour convaincre le Pacha de lui mobiliser ces 50 soldats :
« Tu sais qu’un fils impur de ce peuple proscrit
Qui porte sur le front son anathème écrit,
A ravi des trésors fruits de notre industrie,
Que le traître adoptant Paris pour sa patrie,
Au rang des hauts banquiers en quatre jours monté,
Jouit impunément de son vol effronté…
(…)
Nous savons que le juif concerte une autre trame :
Habile financier, notre or entre ses doigts
Au bout de quelques ans se doublera vingt fois ;
Alors des rois chrétiens implorant l’assistance,
Le Moise nouveau sortira de la France,
Et vers Jérusalem de degrés en degrés,
Un beau jour conduira trois cent mille émigrés,
Restes de ces tribus que la bouche divine
Dispersa dès longtemps loin de la Palestine… »
L’expédition aurait échoué car le rusé juif a, selon les auteurs du poème, corrompu par le lucre et la jouissance les soldats turcs et Osman s’en serait retourné bredouille pour subir son destin, le Dey lui ayant laissé le choix de sa mort par la corde ou le pal…
La deuxième tentative de ramener le perfide négociant fut effectuée à l’aide d’une…girafe.
Le Dey l’avait envoyée au roi de France, demandant en contrepartie que lui fût livré le perfide négociant…
Cette tentative faillit réussir et Bacri aurait même été capturé pour être livré n’était l’intervention de Rotschild qui exigea la libération de son coreligionnaire…
Lisez ce passage !
… C’en est fait, et Nathan, dans son hôtel surpris,
D’un odieux traité va devenir le prix ;
Mais un bras tout-puissant, un bras cher à Sabine,
Se montre pour sauver la touchante victime ;
C’est Rotschild accouru de son hôtel d’Artois,
L’espoir des nations et le soutien des rois ;
«Suspendez, leur dit-il, ce lâche sacrifice ;
«Si la France consomme une telle injustice,
«A ce fils d’Israël, s’il manque un seul cheveu,
«Je dis à votre banque un éternel adieu,
«Et retirant demain mon or cosmopolite,
«Je mets l’Europe entière en état de faillite…
Ayant échoué dans cet échange, le Dey furieux convoque le Consul et le poème rapporte la scène dans ces vers :
LE DEY
… « Ecoute moi chrétien, ma funeste obligeance
« A nourri par les mains de mon prédécesseur,
« Cette France qu’Alger aimait comme sa sœur ;
« Tes frères ont mangé mes grains et le Prophète
« M’est témoin qu’ils n’ont pas acquitté cette dette ;
« Et quelle dette, Allah ! Sept millions de francs
«Non compris, tu le sais, l’intérêt de trente ans.
« On m’a dit depuis peu que Bacri mon esclave
«A reçu cet argent et l’a mis dans sa cave ;
«Si le fait est certain, j’exige que ton roi
«Fasse saisir le juif en vertu de ma loi,
« Et dans un mois au plus tard qu’il le rende à son maître.
(…)
LE CONSUL
« La créance d’Alger est de très bon aloi ;
Ainsi reste en repos. Toi qui tiens la cassette
Tu peux quand il te plait acquitter une dette ;
Mais chez nous, pour payer on est bien moins actif,
Notre gouvernement est représentatif !.. »
LE DEY
Ah tu fais le plaisant !
LE CONSUL
Pardon ! le Roi mon maître
Ne peut rien te devoir…
LE DEY
Il ne me doit rien, traître !
LE CONSUL
C’est l’Etat qui te doit.
LE DEY
L’Etat !
LE CONSUL
La nation !
Adresse aux députés une pétition !
LE DEY
Qu’on me rende Bacri
LE CONSUL
C’est un sujet fidèle,
Adopté par la France et protégé par elle.
LE DEY
Ni Bacri ni mon or !... Téméraire Français,
Que ce coup d’éventail te flétrisse à jamais !
Le poème parle ensuite des préparatifs de la guerre des deux côtés de la Méditerranée… Une guerre qui est désamorcée par le sieur Bacri qui, craignant que son pays de naissance et son pays d’adoption n’en viennent à se détruire dans un conflit dont il est la cause, se serait résolu à se constituer prisonnier du Dey…
L’Histoire ne se déroula pas exactement comme l’avait imaginée les auteurs du poème…
Le livre, en 85 pages est intéressant à lire si on fait abstraction des termes et expressions dévalorisants et nous renseigne sur le complot visant à créer le processus au bout duquel la France a débarqué ses troupes sur les côtes algéroises pour ne les rembarquer que 132 ans plus tard…
23/1/2018

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