Nous sommes le 30 Dujambir 2965 el mouafiq li 30 Rabie El Awwal 1437 correspondant au 11 janvier 2016…
il est 5h du matin… un vent léger remue les rares feuilles rousses qui restent sur les rameaux de la treille... la météo prévoit des pluies timides en attendant de plus fortes durant notre prochain week-end... les réserves des barrages s'épuisent comme les réserves de change... hier j'ai trouvé une sangsue dans l'eau du robinet... cela signifie peut-être que nous touchons le fond tout en perdant nos fonds...
Tout le monde a constaté une très forte réduction du trafic routier; le prix du carburant et les contrôles routiers dissuadent les plus hardis des automobilistes à prendre une route devenue facteur de gros risques pour les poches... C'est peut-être une bonne chose... ça diminuera les accidents de la route, baissera l'affluence dans les services des urgences des hôpitaux, réduira la pollution et encouragera la marche, le bricolage domestique et la vente du Soir d'Algérie s'il consent à ne pas abandonner sa pleine page de mots fléchés...
Autre phénomène, celui de la diminution de l'usage des portables... Fini le spectacle de ces couples qui, pour quelques dinars d'unités d'appels pouvaient roucouler à volonté dans la solitude de leurs frustrations, faisant de ce pays de l'interdit un vaste souk des amours virtuelles...
Personne ne sait par quoi tout ce monde juvénile bouillonnant de passions inassouvies devrait remplacer cette pratique qui permettait aux laissés pour compte de l'Etat Saidano-Belhadjien d'échanger leur trop plein de tendresse interdite dans des épanchements chuchotés et il y'a fort à parier que nous allons assister à une recrudescence de toutes les formes de violences dont sont capables les enfants sans jouets et les adolescents qu'on empêche de rêver...
Le 11 janvier nous rappelle la démission du président Chadli qui n'a pas su anticiper la crise qui a failli emporter le pays. Les auteurs de ce tournant tragique continuent à ce jour à défendre les options politiques qui ont conduit aux pires déchirures et dont les effets empoisonneront les rapports sociaux pour longtemps encore, les uns se présentant comme martyrs, les autres comme sauveurs...
Le pouvoir actuel en a profité pour s'imposer en arguant de sa neutralité et en décrétant une fausse réconciliation, disposant son fauteuil entre des chiens de faïence et ménageant le chou et la chèvre pourvu qu'il puisse jouir des privilèges qu'un état de grâce pétrolier lui avait généreusement octroyés...
La fin brutale de cet état de grâce qui signe aussi la fin de ce pouvoir de l'injuste milieu présage d'épreuves difficiles pour le pays...
Fassent Dieu et la raison des hommes que tous ceux qui sont disposés à mourir pour des idées aient la sagesse de tout faire pour que la confrontation de ces idées les fasse mourir seulement de mort lente... eux et toutes les potentielles victimes collatérales...
11/1/2016
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