LA SURDITE A DU BON

 LA SURDITE A DU BON

Nous sommes le 26 mars ...

Nos cinq candidats et notre candidate continuent leurs périples vociférants... il est plus juste de dire notre candidate et nos 4 candidats car le 6e qui est en réalité le 1er ne vocifère pas... non pas qu'il déteste élever sa voix au dessus de celle des autres, bien au contraire, mais tout simplement parce qu'il espère gagner des voix sans donner de la voix mais en faisant entendre sa voix par la voie des voix de ses porte-voix... ça nous laisse sans voix mais que pouvons nous faire, nous qui n'avons voix au chapitre que quand on a besoin de nos voix !

En réalité, saturé de démagogie, j'ai préféré mettre en sourdine la voix des candidats car ça me donne de l'urticaire d'entendre les mêmes rengaines concernant l'augmentation du SNMG et de la pension de retraite et la diminution de la durée du service militaire, et du poids des cartables des potaches, la résorption du chômage et de la crise du logement, un nouveau code du travail et la fin de la bureaucratie, l'iktifa'e edhati et la hürryat etta3bir, des concepts galvaudés à force d'être repris à toutes les sauces discursives ...

Nous sommes arrivés en effet à une situation où il n'est pas exclu qu'on créé une nouvelle profession: celle du rédacteur de discours, tellement les stéréotypes sont tenaces, les promesses similaires, les programmes juxtaposables, les principes identiques... au point où nous comprenons que le multipartisme est une grande fumisterie politique puisque les partis ne diffèrent que par les têtes de leurs chefs.

Souvenez-vous du conflit PRA-RCD des débuts de ces deux formations quand Boukrouh Boukrouh Ghachi* accusait Said Sadidas* de lui avoir subtilisé son programme... et remémorez-vous les tribulations de Djaby-la-hache* qui, d'un même programme a crée 4 ou 5 parti-culs politiques...

Dans ces conditions, comment voulez-vous que le rêve soit permis ?...

Le rêve était permis aux républicains d'Espagne, jusqu'à ce jour du 26 mars 1939, date de la reprise de Madrid par les franquistes, mettant fin à cette belle épopée internationaliste à laquelle prirent part Malraux et Hemingway...

Il est permis aussi aux partisans de Benflis qui espèrent réaliser l'impossible face au rouleau compresseur de la secte Bouteflika que viennent de rejoindre Belloumi et Madjer...

En parlant de secte justement, c'est le 26 mars 1997 que la police de San Diego en Californie découvre les corps de 39 personnes âgées de 26 à 72 ans, membres de la secte Heaven's Gate (les Portes du Paradis), qui se sont donnés la mort à l'aide d'un mélange de barbituriques et d'alcool , non pas pour protester à l'algérienne contre les distributions de logements ou la délocalisation d'un souk, mais pour que « leur âme rejoigne un vaisseau spatial caché dans la queue d'une comète »....

Personne ne sait si c'est en enfer que croupit El Hallaj ou au paradis qu'il se prélasse... ce père du soufisme fut torturé avec un raffinement tout arabe puis assassiné en ce jour du 26 mars 922 à Baghdad... il avait réussi la gageure de se faire ennemi des deux frères ennemis que sont les sunnites et les chiites en proclamant "ana el h'aq !" (Je suis la Vérité), ce que les deux écoles considérèrent comme hérésie...

Un peu comme se sont ligués islamistes et démocrates contre Bouteflika dont les porte-voix affirment: " Abdelaziz ou le chaos " et qui doivent regarder dans le rétroviseur de l'Histoire pour comprendre que tout pouvoir finit toujours par chuter, même quand il revêt le caractère insolite d'une monarchie républicaine comme ce fut le cas pour la Guinée où Sékou Touré dut se résoudre à aller se faire voir dans l'au-delà le 26 mars 1975, après avoir sévi ici-bas, durant 26 ans.

Autre homme célèbre qui a tiré sa révérence en cette journée du 26 mars 1814, Guillotin, qui inventa, certainement dans un grand moment de fol amour pour ses semblables, cette lugubre machine qu'on surnomme la "veuve noire" que devrait actionner Sissi à tours de bras suite au millier de condamnations à mort parmi les FM prononcées hier par les tribunaux égyptiens...

Un verdict que Ali Belhadj, s'il n'était occupé à dissuader les gens de voter, aurait commenté par un "ikhawfou fina !" plein de dérision...

Beethoven lui aussi mourut, mais dans son lit, le 26 mars, 23 ans après Guillotin. Cet homme devait son génie musical certainement à sa surdité qui l'empêchait de s'abrutir à écouter discourir les politiciens... il nous a laissé une oeuvre très riche de laquelle nous pourrons écouter ce 18 avril, selon le cas, "la marche funèbre" ou "l'hymne à la joie"...

*- Droits d'auteur: "El Manchar"

26/3/2014