Lakhdar Bouregaa est mort...
Il fallait bien qu'il meure un jour.
Les marchands de cadavres vont exploiter sa mémoire à outrance... comme ils le firent pour Ait Ahmed, Gaid Salah et pour tant d'autres...
Cet homme a eu lui aussi le droit à "plusieurs vies"... Une vie d'avant le maquis... une vie au maquis... une vie après le maquis.
Sa vie avant le maquis lui a fait faire des choix de jeunesse qui furent contestables et même condamnables... comme Krim, comme Boudiaf, comme Ali la Pointe, comme Ahmed Bencherif, comme nombre de ses compagnons...
Sa vie au maquis lui permit de redresser ses propres torts et de corriger son itinéraire en le ré-orientant vers un idéal d’héroïsme et de noblesse.
Sa vie d'après le maquis lui a fait choisir le chemin des embûches et il le paya chèrement... comme tous les compagnons qui l'orientèrent, l'accompagnèrent ou le suivirent... Il lui en est resté un besoin légitime de revanche et de vengeance... Il en fit ce qui devait réconforter sa conscience.
Ceux qui le pleurent aujourd'hui, sincèrement ou hypocritement, ne le pleurent que pour ce qu'il fut, non pas de manière absolue mais pour l'impact de ses positions sur leurs propres convictions et leurs propres luttes...
La décence voudrait que maintenant qu'il n'est plus, ses partisans et opposants se concentrent exclusivement sur le salut de son âme et non sur l’exploitation de sa mémoire et de son souvenir dans les combats qu'ils continuent à mener et dont ils attestent, chacun dans sa tranchée, de l'opportunité, de la noblesse et de la justesse...
اذكروا محاسن امواتكم
dit un hadith réputé "faible"... mais hors toute bigoterie, la simple raison nous impose devant la mort de respecter la personne disparue en nous étalant sur ce qui fit consensus dans sa vie et non sur ce qui prête à controverses...
Qu’Ammi Lakhdar repose en paix !
M. Adjou
5/11/2020
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