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jeudi 12 novembre 2020

LE PILORI EN GUISE DE PANTHEON

 Il y'a une quinzaine d'année quand le Maccarthysme d'Ouyahia-Adami frappait les cadres gestionnaires sous les applaudissements d'une certaine presse et d'un peuple qu'elle avait aidé le pouvoir à conditionner, j'avais écrit ce texte qu'un journal marginal avait osé publier...

J'appréhendais en ce temps la que l'indigne campagne arrive jusqu'à moi... Ce fut le cas mais bien plus tard et moi aussi, du haut de mes 3 décennies de gestion sans faute, je dus tomber dans la trappe et m'échiner durant 5 ans à prouver mon innocence devant une justice qui a failli me condamner sans pouvoir apporter la moindre preuve de ma culpabilité...
En hommage à tous ces cadres gestionnaires qui ont bâti le pays et qui sont morts avec la rage au coeur ou qui continuent à vivre avec leur retraite de misère, je ressors ce texte...
LE PILORI EN GUISE DE PANTHEON
3000 gestionnaires du secteur public croupiraient dans les geôles de la République.
Ces gestionnaires n’ont pas laissé leurs places vacantes puisque d’autres gestionnaires les remplacent au fur et à mesure qu’ils passent à la trappe; les remplaçants, en attendant eux aussi de passer à la trappe, n’hésitent pas, pour remercier ceux qui les ont placés, à enfoncer encore plus ceux qui les ont précédés, en faisant leur, cet adage qui dit que l’absent a toujours tort...
L’UNEP qui se trouve moralement obligée de défendre les premiers sans renier les seconds ne peut faire autrement que s’insurger sporadiquement tout en sachant que ses coups de gueules ne seront considérés que comme des bâillements de gros toutou inoffensif.
l’UGTA qui a fait des gestionnaires ses cibles préférées parce qu’ils représentent des boucs émissaires très pratiques ne se frotte même pas les mains de satisfaction et se tait comme pour dire qu’elle ne tire pas sur les ambulances; et Ouyayia qui a la partie belle, jure à qui veut l’entendre que les fournées de cadres qu’on envoie au purgatoire ne méritent que ce qui leur arrive et qu’il s’agit d’une nouvelle politique durable d’assainissement et non d’une campagne " manu pulite " à visée électoraliste ou politicienne.
Si le RND et le FLN se taisent piteusement, le RCD, ETTAHADDI, l’ANR, le FFS, le MAJD et même le HMS s’insurgent, plus pour critiquer Ouyaya que par sympathie pour ces cadres. C’est de bonne guerre... seuls les crétins et les naïfs continuent à croire que la politique qui ne croit qu’à l’opportunisme peut rimer avec la sincérité ou la morale.
En résumé, un cadre gestionnaire en prison, ça vous arrange beaucoup d’affaires...
Celles de l’administration qui réussit à mettre un nom sur une gabegie qui n’est due qu’à ses inconséquences; celles d’ une justice qui démontre que nul n’est au dessus de la Loi (sauf ses servants), celles du peuple à qui on donne à manger du cadre, faute de pain, celles des partis politiques qui y trouvent un terrain de lutte compensant l’indigence de leurs programmes, celles d’une certaine presse qui y trouve la sensation pouvant faire diversion à la lassante et indécente litanie des massacres terroristes etc...
En réalité, les vols, les détournements, les trafics d’influence, le népotisme, le gaspillage et tous les fléaux qui caractérisent la gestion humaine des biens publics comme la fuite fiscale caractérise la gestion des bien privés, ne datent pas d’hier et ne s’arrêteront pas demain. Et si aujourd'hui on découvre avec des yeux de vierge effarouchée l’étendue du scandale, ça ne veut absolument pas dire qu’hier ce fut moindre ou que demain ça sera moins pire.
Le pourfendeur attitré des laïco-assimilationistes n’a pas dit que des bêtises... il a affirmé un jour que ce sont les procédures qui ont permis sinon encouragé les abus et non une quelconque pulsion atavique de l’ algérien à la malversation.
Et si on assiste à cette brutale levée de boucliers aujourd'hui spécialement, cela n’est pas dû au fait que les juges d’ aujourd'hui soient plus intègres ou plus compétents que tous ceux d’hier, que le gouvernement Ouyayia soit plus honnête que tous ses prédécesseurs, que la politique d’ aujourd'hui soit moins permissive... ce serait accorder un excès d’honneur au présent et une perfide indignité au passé. De même que les gestionnaires d’ aujourd'hui ne sont pas une caste de diables rouges comparés aux gestionnaires d’hier qui furent des anges candides...
Depuis que ce pays a conquis le droit de s’auto-gérer, il a toujours fait en sorte d’entourer le décideur d’une foule de pseudo-censeurs siégeant - pour la forme - dans des commissions, comités, assemblées etc... Ce fut une idée noble; mais dans la pratique, c’est ainsi qu’on a cautionné tous les grands écarts...
Les décideurs avaient le beau rôle au temps d’avant la crise puisque toutes leurs décisions étaient entérinées par ces structures gigognes composées généralement de béni-oui-oui qui leur donnaient quitus à main levée en pensant aux agapes qui suivaient leurs sessions et en exploitant à fond la dilution de leur propre responsabilité dans l’anonymat que confère la " décision collégiale ".
Aujourd'hui aussi, sous prétexte de baliser les espaces d’intervention des décideurs afin d’éviter les abus, on a réinstallé d’autres formes de structures de contrôle et de censure qu’on appelle pompeusement " conseils d’administration ", " assemblées générales des actionnaires ", pour ne parler que des entreprises publiques; des conseils et assemblées composés d’administrateurs choisis eux-mêmes dans une totale opacité et qui doivent cautionner les décisions de PDG parachutés on ne sait comment ni d’où.


Et entre les deux périodes, livrés à eux-mêmes, face à la perte des repères et à l’abandon des règles établies, les gestionnaires qui ont dû faire violence à leur légalisme pour faire tourner l’activité, sans avoir la possibilité de faire entériner leurs actes par des structures démissionnaires ou devenues obsolètes, se trouvent accusés d’avoir pris des décisions unilatérales derrières lesquelles, à chaque fois, on soupçonne la recherche de l’ intérêt personnel et où on lit toujours la mauvaise intention (Ah qu’il avait raison ce quidam qui disait à la manière de Monsieur de Lapalisse qu’on ne peut prêter que ce qu’on possède!).
La Révolution est véritablement un ogre qui dévore ses propres enfants... Et tous ces cadres qui croupissent dans les geôles et dont on finira par libérer la plupart pour innocence avérée, mais dont on ne pourra jamais cicatriser la blessure morale, représentent une preuve vivante d’ingratitude à l’encontre de messieurs qui ont osé assumer leurs responsabilités quand d’autres qui aujourd'hui s’érigent en " monsieur Propre " ont préféré ne rien décider pour ne pas avoir à se tromper...
Pour avoir assumé leurs responsabilités dans la période de grands troubles que nous avons traversée ces cadres méritent non pas d’être cloués au pilori mais d’être placés au panthéon.

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