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jeudi 3 décembre 2020

LA FONTAINE PUBLIQUE

 Nous sommes en 1961...

La fontaine publique du village... disons plutôt l'abreuvoir car sa vocation était plutôt d'abreuver les bêtes des colons dont les étables étaient toutes proches que de désaltérer les indigènes...
Les jerrycans en métal n'étaient pas donnés et le plastique était inconnu... Pour transporter l'eau on avait le choix entre l'outre (guerba) en peau de chèvre ou la jarre (ch'moukh) en terre cuite... la chambre à air de camion aurait pu faire l'affaire, mais les camions ne couraient pas les routes... Dans toute la commune il n'y avait que les "hotchkiss" de Si Hamid et Belaid, le Renault de Moh Sghayer et le "Mille-Kilos" de Si El Fassi et puis aussi le massif et trapu Citroen du colon Catala qui servait à évacuer le fumier des étables vers la décharge (zoubia) des "nouaders", chose que les palefreniers effectuaient aussi à l'aide de la charrette et du beau cheval breton qui martelait les pavés des rues avec force et arrogance ...


L'eau ne pouvait faire défaut car son usage était limité aux stricts besoins alimentaires... le linge sale se lavait rarement et les corps encore plus rarement...
Il me souvient qu'à l'époque et faute d'eau, tous les indigènes qui tenaient à leurs prières possédaient chez eux les pierres lisses du "tayammoum" et pouvaient prier sans "grandes ablutions" durant une ou deux semaines...
Le transport de l'eau de la fontaine à la maison s'effectuait généralement à dos d'âne mais tout le monde n'avait pas une bête à disposition... Les femmes étant interdites de sortie et les hommes occupés aux travaux des champs, ce sont les enfants qui accomplissaient ce devoir...
J'eus moi aussi à supporter cette pénible corvée... il fallait se munir de deux bidons en caoutchouc ou en fer blanc pour l'équilibre... vides, ils étaient déjà lourds à porter... et puis il fallait attendre son tour devant le robinet et ça pouvait vous prendre facilement une heure puis porter les deux bidons en titubant et en se mouillant le pantalon et ce n'était pas très agréable en hiver...
On ne faisait courir aucun risque aux chaussures... on n'en portait pas !
Arrivés à la maison, la mère nous prenait les bidons de nos mains où l'anse avait marqué la chair pour en déverser le contenu dans les jarres et, connaissant toutes les peines qu'on devait supporter pour avoir cette eau, elle était utilisée avec la même parcimonie que la semoule qui nous servait à faire notre galette.
3/12/2017

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