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mardi 29 décembre 2020

SALE TEMPS POUR LES POULETS

 Quand le froid hivernal se fait incisif, nos villageois ont une expression consacrée pour illustrer le climat… du haut de leurs bottes en caoutchouc, emmitouflés dans leurs kachabiya, ils soufflent dans leurs mains et vous lancent un : « 3am 3la boukanza ! » qu’on peut traduire sans en rendre le charme par « sale temps pour les porte-jabots »…



L’expression vient de la frilosité que tout le monde reconnaît aux poules et qu’on impute je ne sais trop pourquoi à leurs jabots…
Mais, et c’est là que se situe le charme de ces bons mots de notre terroir, il faut faire un autre détour pour en comprendre la vraie nuance… je vous l’explique !
Nous, villageois, nous combattons le froid comme tout le monde, par le feu, la couverture ou le mouvement… c’est connu... et nous n’hésitons pas, quand nous ne pouvons nous permettre le 3e moyen, de combiner les 2 premiers et ça nous réussit fort bien, surtout depuis que nous avons réussi à nous débarrasser du « kournaf » de jujubier, d’olivier ou de lentisque, puis du mazout et de la bonbonne de "butagaz" pour nous chauffer plein gaz de ville…
Depuis aussi que nous savons tisser les gros "haik" en laine colorée...
Mais le gaz et la couette sont insuffisants si on ne donne pas au corps les calories qui le font carburer... et de meilleures calories par temps de grand froid, on ne peut trouver mieux qu'un bon "3aich", berkoukes si vous voulez et je sais que vous en voulez !
Et qui dit berkoukès d'hiver, dit aussi pois-chiches ou fèves bien sûr et navets aussi mais surtout, surtout, du bon poulet pour l'agrémenter...
Vous comprenez maintenant pourquoi on dit en salivant: "sale temps pour les porte-jabots!" quand la froidure hivernale s'installe... Ce n'est pas parce que le poulet risque de subir l'effet du froid... c'est plutôt parce qu'il agrémente à grande échelle notre chaud berkoukès...
Alors, par ce temps de froid, disons à l'unisson: "3am 3la boukanza !"...
Et Bonne Année nouvelle, non pas à la dinde rôtie mais autour d'un bon berkoukès bel djadj et fasse Dieu que nous sachions toujours conserver l'amour et l'humour de notre terroir aussi bien oral, vestimentaire, festif que... culinaire !
29/12/2013

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