Rechercher dans ce blog

vendredi 8 janvier 2021

L'ORPHELIN

 Aissa Errifi est un montagnard chenu qui habite là haut, du côté d'El Bargouga.




C'est une sorte de trappeur ; à l'occasion il m'appelle pour m'offrir un lièvre ou une perdrix qu'il prend au collet.
Aissa Errifi est orphelin de père et de mère depuis sa plus tendre enfance... Il a poussé tout seul...
Il m'a avoué pourtant que ce n'est qu'en 1978 qu'il s'est rendu compte qu'il était vraiment orphelin.
Quand Boumediène vivait m’a t’il dit, j'avais toujours en tête qu'en cas de hogra suprême, il me restait bien sûr le Bon Dieu dans l'Au-delà mais le président ici-bas... et j'étais persuadé que si je pouvais connaître des abus, ils n'iraient pas au delà d'une certaine limite car il me resterait à me plaindre au Rais et je sais qu'il m'écouterait et qu'il interviendrait pour moi dès qu'il aurait vent de la hogra que je subissais...
De ce fait, je n'avais peur ni de l'autorité civile, qu'elle soit administrative ou judiciaire, ni de l'autorité militaire qu'elle soit visible ou cachée... quant aux abus que je pourrais subir de la part de ceux qui n'ont aucune autorité, je pouvais les régler d'homme à homme et je sais qu'aucun fils de sa mère n'oserait piétiner mes plates bandes comme je me fais un point d'honneur à respecter scrupuleusement les clôtures des autres...
Le jour où Boumediène est mort, je me suis demandé s'il restait une branche solide à laquelle m'accrocher... J'ai eu beau chercher je n'ai pas trouvé l'homme ou l'autorité capable d'imposer le droit et la justice en faveur de ceux qui pourraient en être dépouillés...
Au fur et à mesure que s'installait la démocratie en ce pays, le sentiment d'être orphelin s'accentuait en moi et aujourd'hui je me sens livré sans aucune possibilité de recours à n'importe quel abus et ma peur est devenue sagesse... je n'ose plus m'opposer à quiconque et tous les uniformes, de celui du juge à celui du pompier, de celui du garde forestier à celui du policier me font peur et quand il m'arrive de passer à côté de l'un d'eux, je formule un vœu... un seul... "Allah la içaltek 3liya !"(1)... et je passe mon chemin.
1- Fasse Dieu que je ne sois pas l'objet de ta vindicte.
8/1/2015

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

EL MOURADIA N'EST PAS SAMIRA TV

  CONSECRATIONS SANS MERITES... Je n'ai pas l'honneur de connaître tous les sénateurs, heureux élus du tiers présidentiels, ni les a...