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mercredi 6 janvier 2021

NOS PRESIDENTS ET LES CITATIONS

NOS PRÉSIDENTS ET LES CITATIONS



Je ne me souviens pas de quelque citation poétique de Ben Bella... Avec lui c'était du terre à terre... Un ami m'a dit que c'était lui qui détenait la paternité d'une sentence qui ne fut jamais écoutée par nos ministres de l'éducation qui ont toujours privilégié la lourdeur du cartable à celle des connaissances incrustées dans la tête: "el kombass ferrass machi fel kourrass"...

El Kombass c'est le savoir-faire, la débrouille quoi ... et c'est peut être de ce mot qu'une entreprise connue a tiré son nom...
Ben Bella voulait en fait dire qu'on n'avait pas à avoir fait des études de pharmacie pour mériter d'être président de la RADP, en lorgnant vers Benkhedda et Ferhat Abbas...
Il est aussi l'auteur d'une citation qui montre un peu le niveau de ceux qui se contentent de ce qu'ils ont dans la tête et non de ce qu'ils apprennent dans un cahier: "el bourgeoisiya ennehoulhoum ech'ham !"... les bourgeois, nous allons les dégraisser !... L'opération devant se dérouler dans les hammams de la Révolution à l'époque où le pays ne disposait même pas de "tayyabates" comme les voyait Bouteflika plus d'un demi-siècle plus tard...
Boumediene qui mit fin à ce nivellement par le bas avait compris la portée des bons mots du terroir et hormis son discours devant l'ONU, il n'y'a pas une de ses harangues populaires où il ne mit un grain de sel proverbial...
Ici c'est l'histoire d'un homme qui avait peur de passer devant une tombe et que son ami rassura en lui apprenant que le mort qui y gisait ne leur faisait pas peur de son vivant, là c'est l'âne qu'on avait libéré de ses attaches et qui rua puis y revint; et c'était adressé à Mokhtar Ould Dadah...
Il y'eut aussi le "Hocine el kelb!" à l'adresse du roi de Jordanie après son Septembre noir... Il y'eut bien d'autres sorties du genre et leur compilation serait fastidieuse...
Mais si Boumediene maîtrisait les bons mots du terroir, ce n'était pas la même chose pour ceux qui nous venaient d'Orient... et ça ne collait pas toujours avec notre réalité ou nos options...
Ainsi, un jour, juste après son discours très controversé de Lahore et dans lequel il disait qu'on ne devait pas se résigner à aller au paradis le ventre vide, sentence que les imams de la République de Bouteflika ont rejetée en bloc en affirmant que le paradis est assuré aux affamés qui savent accepter leur sort, il osa citer une autre sentence qu'il imputa publiquement , à tort, à l'Imam Ali, disant: "taadjabtou liradjoulin yabit djawaane oua la yanhadhou fi essabahi chahiren sayfahou aala el mala'e"...( je m'étonne devant un homme qui passe sa nuit affamé et qui ne se réveille pas au petit matin, exhibant son épée devant le monde)... la traduction est approximative mais elle rend la morale de la citation...
Je ne sais pas comment Boumediene d'habitude si perspicace et qui se disait partisan de l'effort et qui avait prouvé qu'il était contre l'enrichissement illicite avait osé cette citation sans la corriger par "mouchammiren aala saa’idayhi liyaksiba qawta yawmihi" (les manches retroussées pour gagner son pain quotidien)... autrement qu'en l'arrachant par la menace de l'épée...
C'est en partie cette pédagogie sociale qui nous vaut 60 ans plus tard notre propension généralisée à considérer nos droits, sans aucun égard pour nos devoirs et notre usage de la violence et non de l’effort pour arracher ce que nous considérons souvent à tort comme notre dû...
Chadli, lui, était expert en sellaleries avant l'heurt ... l'heurt d'Octobre s'entend... Ses citations sont connues... elles vont du "Oulid el fellah yebqa fellah"... le fils du paysan restera paysan, à "El bled elli ma3and'hach machakil machi bled" qui fit découvrir au peuple que son Etat était très bien assis sur ses fondements puisqu'il pouvait se targuer d'avoir tous les problèmes du monde...
Mais si Chadli savait faire rire par ses hasardeuses citations qui lui valurent les galéjades populaires qui ne furent oubliées que 15 ans plus tard sous l'avalanche des pitreries de Sellal, il y'eut un moment de sa vie où il faillit faire pleurer les Algériens...
C'est quand il cita en bégayant deux vers qu'il imputa à l'Emir des Poètes, Ahmed Chawki lors de son ras le bol d'après 1990 en clamant: "aatini hourriyati atliq yadaya... innani aataytou, ma stabqaytou chay'a" (donne moi ma liberté, délie mes mains !... j'ai tout donné, je n'ai rien conservé pour moi)...
C'était pathétique...
Mais il y avait un hic... les vers que chante sublimement la diva Oum Koulthoum n'étaient pas... de Ahmed Chawki !... et quand il l'apprit, le peuple ne retint pas autant l'émotion suscitée par ces vers que l'ignorance de son président en matière de poésie arabe...
Boudiaf et Zeroual ne s'aventurèrent pas trop dans ces histoires là... leurs discours restèrent à hauteur d'homme, le premier se sachant piètre orateur et le second sachant que les oreilles du peuples étaient ailleurs...
Puis vint Bouteflika qui sentit qu'il fallait tirer les oreilles à ce peuple qui avait laissé Merbah introniser Chadli et ne l'avait pas imposé en sa qualité de dauphin, à la mort de Boumediene...
Et c'est la hargne au cœur qu'il alla du geste et des postillons devant les foules de Tizi Ouzou, jurer qu'il allait "crever le ballon de baudruche" de l'amazighité en jurant qu'elle ne sera jamais langue nationale et officielle...
Il dut pourtant se résigner quelques années plus tard à accepter cette revendication récurrente afin de retirer cette question des mains de ceux qui en avaient fait avec succès un moyen de mobilisation et qui en sont arrivés à l'exploiter comme outil de division ou motif à sécession...
Parallèlement au ballon de baudruche, Bouteflika avait ressorti du fonds de nos trésors oraux une autre citation: "Nwerrilkoum ezzenbaa win yenbaa !" (je vous montrerai où se vend le zenbaa)...
Monsieur Bouteflika s'étant retrouvé contraint de jongler avec le ballon de baudruche de l'amazighité après avoir promis de le dégonfler ne pouvait se dédire une deuxième fois devant se promesse relative au zenbaa...
C'est pour ça qu'il nous a concocté avant de partir, une Loi de Finances grâce à laquelle nous apprendrons "bla djeddna" où se vend le zenbaa dont nous ne savons rien !..

7/1/2017

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