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lundi 1 février 2021

L’ARMÉE ET LA POLITIQUE

 OPINION : L’ARMÉE ET LA POLITIQUE

Je prends le risque de me faire fusiller par les tirs croisés des démocrates et des intégristes en émettant cet avis qui va à contre-courant de leurs présumés principes et de l'opinion sincère de beaucoup de mes ami(e)s...
L'Armée d'un pays, quel qu'il soit, est légaliste jusqu'à un certain point: celui où la menace risque de faire tomber l'édifice institutionnel et de disloquer le pays... A ce point, c'est son légalisme, que dis-je: sa raison même d'exister, qui doit nécessairement lui imposer de fouler aux rangers son propre principe de non ingérence dans les affaires politiques intérieures...
A ce titre, j'ose dire, n'en déplaise aux « antimilitaristes » formés au ninisme ou au démocratisme, au phalangisme ou au "milicisme" que toutes les interventions de notre armée, de 1962,1965,1979,1992, 1999 furent inévitables, et surtout à son honneur, car c'est devant des périls qui menaçaient la cohésion de la nation et son devenir que les chars ont été sortis des casernes, pas pour contrecarrer la volonté du peuple mais toujours pour éviter l'anarchie ou les aventures de ceux qui n'admettent la démocratie que si elle leur sert de marchepied pour l'accession au pouvoir.
Et cette armée ne s'est jamais opposée au peuple si on considère que le peuple est vraiment le peuple et non des franges qui s'en revendiquent par élitisme forcé ou par suivisme sectaire ou par légitimité de "droit divin"..
Tout le monde sait qu'en 1962, c'est le rouleau compresseur de l'EMG qui mit fin aux luttes de leadership des chefs de guerre et des "historiques"... Et on peut disserter aujourd'hui à perte de salive sur la légitimité bafouée du GPRA mais personne n'est en mesure de dire ce qui serait advenu du pays avec sa fragilité de l'époque, des accords d'Evian imposant littéralement une reddition sans condition, la faiblesse d'une gouvernance paralysée par les rivalités internes, les ambitions des chefs de guerre, les armes en circulation et les appétits des puissances étrangères, si l'EMG n'avait pas mis le holà à l'anarchie qui se mettait en place.
En 1965, l'armée n'intervint que pour éviter des deals qui voulaient la mettre hors jeu alors que le pays était exposé aux périls intérieurs et aux appétits extérieurs... C'était une réaction d'auto-défense et il fallait bien aussi que l'ère du romantisme révolutionnaire cède la place au pragmatisme...
En 1979, et devant les dents longues des têtes de files des tendances rivales du FLN qui en seraient arrivées aux luttes fratricides, elle mit aussi son holà en imposant par la force le seul compromis qui pouvait sauver le pays de la division... Ne trouvant d'autre alternative devant la brutalité d'une situation que personne n'avait prévue et qui ne disposait pas d'un plan A , que l'adoption dans l'urgence d'un plan B improvisé juste pour "sauver les meubles"...
Mais même si Chadli n'avait pas été sorti du chapeau de Merbah pour coiffer au poteau Yahiaoui et Bouteflika, les "civilistes" allergiques aux galons avaient juste oublié que les deux dauphins étaient aussi des hommes asservis à cette armée pour ne pas dire sortis de ses rangs...
On aurait pu introniser Taleb El Ibrahimi pour ne pas se faire accuser de militarisme, mais l'homme n'avait pas la personnalité de l'emploi et était trop mou pour imposer son autorité à des acteurs politiques qui n'étaient pas des enfants de chœur...
Il suffit aussi d'être honnête pour reconnaître que si on avait recouru aux urnes et à la vox populi de l'époque en lui soumettant le choix entre plusieurs candidats, ce n'est pas un bon civil bcbg qui serait sorti des urnes mais l’un des deux candidats potentiels et certainement M. Bouteflika... Et ce ne sont pas deux décennies qui auraient été à son actif de président mais il fêterait aujourd’hui sa quarantième année à El Mouradia ...
En 1989 et après la fin des illusions socialistes et la montée des tensions populaires et des revendications sociales, régionalistes, syndicales, identitaires, linguistiques, religieuses dans une situation de difficultés financières aiguë et dans un monde qui se recomposait très vite, l'armée a laissé faire les civils qui ont crée une véritable bouillabaisse en appelant un reclus dont la naïveté, la bonhomie et la bonne volonté ne pouvaient suffire à gérer un pays miné par les ambitions et les rivalités et à réconcilier des belligérants aux oppositions dogmatiques et non politiques et aux intransigeances radicales et meurtrières...
La cassure fatale vers laquelle se dirigeait le pays fut évitée par une intervention sans ménagement de l'armée parce que de l'autre côté, on avait décidé de ne pas hésiter à user de la force des armes et non plus seulement des prières et des prêches... On peut là aussi disserter à perte de salive sur ce qu'il serait advenu du pays sans l'intervention musclée de l'armée mais personne ne peut assurer que ce pays aurait survécu à la déferlante de la théologie politique et aux prétextes que cette déferlante aurait donnés aux interventions extérieures...


En 1999 et après avoir restauré l’ordre républicain au prix que l’on sait, l’Armée força son représentant à se destituer et confia le pouvoir au civil en qui la majorité du peuple voyait un sauveur…
Depuis, elle vit les turbulences des humeurs de cet homme en se refermant sur elle-même avec la volonté de ne plus s’ingérer dans les affaires civiles malgré les appels du pied qu’on n’arrête pas de lui faire et les accusations même pas voilée de « non assistance à pays en danger » qu’on lui lance…
Une volonté si bien assumée qu’elle refuse, signe des temps, ouvertement de cautionner un candidat à la candidature, devenu civil, mais qui est sorti de ses rangs et que d’aucuns accusent d’être son représentant…
Je devine l’exaspération qu’auront certains à lire ce long texte… J’invite les « antimilitaristes » de tous bords à éviter syncope et apoplexie en se disant que ma goult walou… et s’ils décident de me répondre, j'ose espérer qu’ils le feront en discutant ma façon de voir les choses et éviteront de s’en prendre à ma personne…
1/2/2019

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