LES LIAISONS DANGEREUSES

 Nous sommes le 23 mars...

Le printemps est déjà vieux de 2 jours...

Nous avons encore reçu une autre lettre... Elle émane de notre président. Il nous a dit tout le bien qu'il pense de lui même et nous a incités à penser à notre bonheur et à voter pour lui afin de concrétiser ce bonheur à travers la remise en état de l'autoroute, la distribution des fameux locaux présidentiels, la construction de millions de cages à lapins, le fumeux S12, le retour de Belkhadem et Ouyahia et peut-être aussi de Zerhouni, Ould Abbas et Benbouzid...

Notre bon président n'a pas oublié par ailleurs de nous remercier pour notre désir de le voir continuer à diriger le pays... Et l'on comprend qu'outre l'aphasie et la paralysie des membres inférieurs, sa maladie lui a certainement causé de gros dommages au niveau des tympans puisqu'il semble ne pas avoir entendu tous les cris de ceux qui lui disent qu'il gagnerait et le pays avec lui, à aller se reposer...

A moins, comme tout porte à le croire, qu'on n' ait imposé à Monsieur Bouteflika de ne voir et écouter que les scènes de chants et danses à sa gloire...

Toujours est-il que sa volonté de "parachever" son oeuvre est en elle-même une preuve irréfutable de son échec car elle démontre qu'il n'a pas pu former au moins un dauphin susceptible de lui succéder ni de permettre, en 15 longues années, aux compétences politiques de se former pour prendre en main les destinées de ce pays qui se retrouve obligé de ressusciter les dinosaures pour qu'ils occupent à nouveau les devants de la scène...

Ce n'est heureusement pas une exclusivité algérienne que de voir un président ou, de manière générale, tout responsable s'accrocher aux accoudoirs du trône même s'il doit y monter à partir d'une chaise roulante ou de son lit de mort...

Mais il faut dire que, de mémoire de peuples on n'a pas encore assisté à pareille fossilisation généralisée dans laquelle la gériatrie se fait si pesante sur la conduite d'un pays qui explose de juvénilité...

C'est le 23 mars 1743 qu'eut lieu à Londres la première représentation du Messie, composé par Haendel et qui reçut une standing ovation - la première de l'histoire, dit-on...et c'est le 23 mars 1782 que fut édité le livre de Choderlos de Laclos, imprimé à 2000 exemplaires qui furent vendus en un mois... Il s'intitulait: "Les liaisons dangereuses"

La lettre de notre Président qui se proclame sauveur et qui fut lue laborieusement à la télé publique, comme d'habitude, ne fut pas ovationnée, loin de là...

A la salle Harcha, Islamistes et Démocrates se sont par contre ovationnés réciproquement en appelant au boycott des élections qui doivent légitimer le retour du Messie Sauveur, mais sans aller au delà du scrutin... En d'autres temps, ces démocrates parlaient de peste et de choléra; aujourd'hui ils préfèrent s'allier aux pestiférés d'hier pour se prémunir contre le choléra...

Liaisons dangereuses pour le pays et aussi et surtout pour la crédibilité de ces hommes qui avouent être prêts à s'allier avec le diable pour faire rendre gorge à un système avec lequel ils ont flirté indécemment, à tour de rôle, faisant preuve d'un entrisme indécent dont certains de leurs représentants continuent à tirer profit à ce jour et ce n'est ni Khalida ni Ghoul, ni Benyounès ni Benbada qui oseraient démentir...

Le 23 mars vit aussi deux autres événements culturels... le premier en 1975, avec la sortie du film "Que la fête commence" de Bernard Tavernier...

Le second fut le couronnement le 23 mars 1998 du film "Titanic" de James Cameron, meilleur film de l'année 1997 en obtenant 11 oscars...

Devant les incertitudes que font planer sur notre pays les improvisations politiques, il nous reste à espérer et surtout à œuvrer chacun selon ses moyens pour que la fête commence réellement ce 17 avril et que notre pays qui mérite bien mieux que ça ne subisse pas le sort du Titanic...

Et que ceux qui estiment que le Président mérite la reconnaissance de la Patrie, lui épargnent ce mandat de trop et la lui offrent en forme de mémorial comme celui qu'un "comité national" décida en accord avec la famille du général de Gaulle d'ériger à Colombey les Deux Eglises à la mémoire "du libérateur de la Patrie et du rénovateur de la République », le 23 mars 1971...

On pourrait le construire en terre d'Algérie, à Tizi, Batna ou Ghardaia... faute de pouvoir l'ériger en son lieu de naissance...

23/3/2014