J'ai décidé d'aller faire ma séance de laser oculaire...
J'ai hésité assez longtemps parce que le peu de détails des sujets que je distingue me suffit.
Avec les sensations qu'offre le monde, qu'elles soient visuelles, auditives ou même olfactives, on ne perd pas grand chose à ne pas bien voir, entendre ou sentir...
Et si j'ai décidé d'aller améliorer ma vue, ce n'est pas pour voir les rictus de haine et de sadique jubilation des exécutions d'otages ni l'air toujours résigné que prennent ces derniers, pas pour voir avec clarté les entrailles des victimes des attaques aériennes ou des voitures piégées qu'on déverse avec une morbide délectation sur tous les médias, pas pour voir de manière plus claire les corps des harragas que vomit la mer ni ceux des accidentés de la route qu'on extrait des tas de ferraille...
Parce qu'il nous faut reconnaître que notre quotidien n'est plus, au jour d'aujourd hui, qu'images de violences en tous genres.
Je n'aurais pas décidé de faire cette séance et me serais bien contenté de continuer à voir flou même les visages de mes amis car je préfère ne pas remarquer les stigmates douloureuses que le temps y a marquées, j'aurais continué sans problème à voir mon propre visage dans le flou de mon miroir pour ne pas m'inquiéter des cernes qui décorent mes paupières et n'ayant plus besoin de me tailler la barbe, il ne m'est plus utile de distinguer les limites qu'elle doit avoir...
Si j'ai décidé d'aller améliorer ma vue, c'est juste pour ne pas rater le spectacle que promet le printemps.
Passe pour l'hiver qu'on peut regarder de loin, l'automne qu'on gagne à regarder en opaque, l'été qui impose de s'assombrir la vue, mais le printemps, c'est autre chose.
Le printemps, c'est la fleur dont on doit distinguer pétales, pistil et étamines... C'est le papillon dont on doit distinguer les nervures des ailes, c'est l'oiseau qu'on doit regarder faire ses parades amoureuses...
Aya bonne journee !
14/3/2015
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